Abbaye de Saint Hilaire, mille ans d’histoire monastique !

abbayeCette abbaye située dans le département de l’Aude, entre Limoux et Carcassonne, fondée aux alentours de 780, époque carolingienne, était composée d’une trentaine de moines qui vivaient dans le silence complet selon les préceptes de Saint Benoit. Leur emploi du temps était organisé entre les prières, (sept fois le jour, une fois la nuit), le travail agricole, le travail intellectuel et la méditation. Les six derniers moines y ont vécu jusqu’en 1748.

Par Corinne Bénichou

salle expostour abbayeFabien Masjuan, guide officiel des lieux, confirme que l’abbaye bénédictine traditionnelle comprend la Bastienne, à son opposé, le réfectoire, à l’Est, la salle capitulaire (lieu de réunion des moines qui avaient prononcé leurs vœux définitifs) surmontée du dortoir borne toques et clocherscollectif et à l’Ouest, l’entreposage. « Le cloitre cloître abbayegothique (1323-1340) bâtit en pierre de gré, de forme trapézoïdale est l’évocation du jardin d’Eden de par ses fleurs et ses arbres. Il a été partiellement rénové, particulièrement pour les colonnes. Par contre, le chapiteau et les galeries sont plaque toquesmanoird’origine. Le clocher a été restauré au dix-neuvième siècle et le sol de l’abbaye a été refait grâce à une fête traditionnelle nommée Toques et clochers. Au début des années 80, la charpente a également été restaurée.»

À l’heure de la République, le cloitre est devenu une place publique ce qui l’a préservé car il a été entretenu de façon régulière et l’abbaye a connu une autre vie accueillant une école, un bureau de poste et même un boulodrome. « Avant que le village investisse sur le tourisme en 2001, celui-ci a fait partie d’un programme subventionné par le conseil régional dans le cadre du pays cathare pour le développement touristique incluant le 2.0. »

église abbayeéglise intérieurDepuis le dix-huitième siècle, l’église (de facture à la fois romane et gothique méridional) est toujours en activité. « Depuis le départ des moines, les habitants ont délaissé l’ancienne église du village en décrépitude pour venir ici. » Elle bénéficie d’une messe aux deux mois, ce qui est loin des huit offices quotidiens qui rythmaient la journée des Bénédictins. Cette dernière (datant du douzième et treizième siècle) comporte des évocations célestes qui se trouvent à la base de la voûte (1237), des ogives représentant l’humanité, le cortège des élus vers la église sculpture 2église sculptureJérusalem céleste, le singe (le malin, le fourbe), entre autres… « Il est important d’observer ces sculptures qui transmettaient les messages religieux aux pèlerins. » 

sarcophageLe trésor de sculpture romane de cette église est le sarcophage réalisé par le maître itinérant de Cabestany (sans lien avec la ville près de Perpignan) au cours du douzième siècle. « Sa forme et son style rappellent ceux de l’Antiquité, mais il n’y a personne à l’intérieur ! C’est un maitre-hôtel reliquaire taillé dans un bloc de marbre blanc des Pyrénées destiné à accueillir de reliques sacrées. »

st sernin friseSur une frise, se lisant de droite à gauche, il est raconté la terrible mort de Saint Sernin, premier évêque de Toulouse. Il a vécu durant les persécutions romaines face aux chrétiens et pour avoir refusé de sacrifier un taureau, en l’honneur du dieu Payen, il a été attaché aux pattes de l’animal et traîné dans les rues de la ville. Deux femmes ont recueilli sa dépouille pour l’ensevelir en dehors de Toulouse.

église richesseDu dixième au treizième siècle, l’abbaye est le sanctuaire des dévotions des Comtes de Carcassonne et se retrouve avec une richesse inouïe provenant des diverses donations de ces nobles.

peintures plafondabbaye mur salle abbéAu fil de la visite, vous découvrirez un changement d’époque et de décor en arrivant dans le salon privé de l’abbé (chef des moines, présent seulement trois à quatre fois par an), contraste entre le faste de cette pièce et le train de vie religieux. « Ici, ce plafond dit, à la Française, date de 1495. Il a été partiellement rénové, au dix-neuvième siècle, en même temps que les peintures murales sur peinture diablepeinture couplelesquelles apparaissent les armoiries, les dates d’élection et les noms des abbés ayant été à la tête de l’abbaye. » Ces décorations révèlent le rang social, la richesse, le pouvoir du maître des lieux, la personnalité et la perception du monde de ce dernier.

cave abbayeLes moines produisaient du vin blanc qu’ils utilisaient pour la table ou pour la messe. Au sixième siècle, ils ont mis par erreur en bouteilles du vin en partie blanquette ancestralefermenté et celui-ci a s’est transformé en vin pétillant. En 1531, il a été nommé Blanquette en référence au duvet blanc au dos de la feuille du Mauzac, seul cépage de cette boisson. Cette Blanquette monastique, plutôt douce au goût à saveur fruitée et florale, est appelée ancestrale.

Retrouvez les vidéos de ce voyage sur www.facebook.com/Sur-la-route-1727800047463188

Remerciements à Fabien Masjuan.

Abbaye bénédictine
4, rue de la Mairie
11250 Saint-Hilaire
France
https://saint-hilaire-aude.fr

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