Après l’univers festif du carnaval de Limoux, la deuxième destination de Regards sur la ville a été le Lot et Garonne.
Par Corinne Bénichou
Le premier arrêt, dans cette région, s’est fait à la miellerie de Nathalie Lajoye (ancienne professeur de danse), située à Saint-Robert à quelques kilomètres d’Agen.
Son grand-père et son père étaient déjà apiculteurs et c’est avec le papa qu’elle a débuté en 2011. Aujourd’hui, Nathalie s’occupe de cent soixante ruches. Elle offre aussi ses services aux agriculteurs dans le but de polliniser les fleurs de pommiers, de kiwi, les graines de tournesols, le châtaigner, au sud de la Dordogne et les fleurs de printemps dans 
une circonférence de trente kilomètres autour de sa maison. « Les abeilles sont des insectes passionnants, on ne peut qu’adhérer à cette vie quand on décide de s’y intéresser, car il faut aimer travailler à l’extérieur avec la nature et seule. Au début j’avais peur des piqures, mais j’ai appris à me protéger et à gérer mon stress. »
La jeune femme ajoute que les bienfaits du miel sont nombreux, d’où l’avantage de ne pas le pasteuriser pour conserver les enzymes, sources de sa qualité médicinale et que le faible taux de glucose dans le miel d’acacia est idéal pour les diabétiques. « Le miel cristallise naturellement (ses deux principaux ingrédients sont le glucose et le fructose) car il est composé de sucre simple contrairement au sucre blanc (saccharose) qui, lui, est complexe. « Plus le miel est riche en glucose plus il est solide et plus il est riche en fructose plus il est liquide. »
Elle poursuit « Si on chauffe le miel à plus de soixante-dix degrés, il sera pasteurisé et et restera liquide malgré la température froide. En cassant sa srtructure, les enzymes sont tués. Le produit n’est pas mauvais au niveau gustativf, il garde sa propriété adoucissante mais perd ses qualités médicinales. » Il faut donc privilégier un miel mis en pots dès la récolte ou chauffé maximum à cinquante degrés. Dans tous les cas, évitez de donner du miel aux enfants de moins d’un an.
Les abeilles utilisent deux sources de nourriture, le pollen (riche en protéines stocké dans les alvéoles et destinés aux larves), le miel est fabriqué avec le nectar et selon la récolte, il sera plus ou moins antiseptique. Le thym ou le romarin aura de meilleures propriétés pour la cicatrisation, il est plus efficace en comparaison au miel toutes fleurs. Quant au miel de châtaigner, il est conseillé pour les problèmes intestinaux et la circulation sanguine.
En boutique, ouverte chaque mercredi de 17 à 20 heures, le choix est grand et appétissant : Des gâteaux, des biscuits, des pains d’épice, des bonbons et évidemment des miels de châtaigner, d’acacia et de printemps, mais aussi des bougies concoctées à partir de la cire des ruches.
Lors de ses journées ‘portes ouvertes’ tous le milieux sociaux sont représentés. En géneral, elles se déroulent à l’automne. « Cette année, il n’y en aura pas car je fais de travaux sur la ferme. » Outre les points de vente dans plusieurs petites épiceries, Nathalie est présente au marché de Beauville, le dimanche matin, de juin à septembre et l’hiver, dans les différents marchés de Noël de la région.
Toujours à Saint Robert, le deuxième arrêt s’est effectué à la ferme de Ricard Bas, chez Jean-Marie et Sandrine Dabzac, producteurs laitiers. Jean-Marie travaille à la ferme de ses parents, achetée en 1956, depuis l’âge de dix-huit ans. Il l’a reprise à son compte au décès de son père en 2013.
Ses quarante vaches adultes (qui donnent en moyenne trente litres sur deux traites par jour pendant une période de six mois), ses quarante génisses (dénuées de cornes) et son unique taureau (l’ensemble est de race Montbéliarde pour augmenter le taux de matière grasse) sont élevés en liberté sur une centaine d’hectares 
et sont nourris au maïs moulu et à la luzerne. Une pause de trois mois permet à l’animal de vêler et de nourrir son petit. « Depuis 2017, avec mon épouse, Sandrine, nous avons ouvert une petite boutique sur place et nous faisons les marchés locaux pour vendre nos yogourts, nos fromages et notre lait. »
Le couple Dabzac ont trois garçons et les deux aînés (vingt-cinq et vingt-deux ans) désirent suivre les pas des parents et grands-parents. Le dernier de dix ans a encore le temps de réfléchir à son avenir ! La ferme familiale fait partie du label Lot et Bastides. Ce réseau de vente privilégie le circuit court entre les producteurs et les acheteurs.
À Penne d’Agenais, Peggy Faivre est, depuis 2011, productrice de safran sur une exploitation nommée Domaine Jagarens. Elle travaille l’épice sèche pour ses produits transformés : Confitures, thé vert, vinaigre de cidre, sucre de canne, entre 
autres… 
Pour le vin, elle s’associe à une viticultrice bio et pour la bière, un paysan brasseur. Comme pour le piment d’Espelette, il y a une multitude de possibilités, sucrées comme salées.
« Au Moyen-Age et jusqu’au dix-neuvième siècle, la France était un des plus grand producteur au monde (30 tonnes par an), mais suite à un hiver très rigoureux, il a gelé pendant dix jours consécutifs, aucun bulbe n’a survécu. À ce moment là, l’industrialisation commençait à pointer le bout du nez avec pour première conséquence l’exode rurale vers les grandes villes. »
Le safran a été remis au goût du jour, il y a vingt ans, la terre du Lot et Garonne et en particulier dans la région qui touche le Quercy, terre très calcaire, qui se prête bien à ce genre de culture. « Je n’ai que des safranières en plein air car le 
safran en serre ne fonctionne pas, il a besoin du rayonnement solaire à l’air libre sans avoir trop d’humidité (pluie) en terre. De plus, en serre, la chaleur amène les mulots ! Le safran est bio par nature parce que les bulbes sont rustiques et ne supportent aucun produit chimique. »
En Inde, la culture se fait en montagne où il y a une grande amplitude thermique entre le jour et la nuit ce qui plait beaucoup au safran. En août, il est en sommeil. Il se réveille lorsque la température descend sous la barre des quinze degrés la nuit. C’est justement à cette période que le Crocus Sativus aux pistils rouges est planté. Les premières fleurs sont récoltées vers la mi-octobre et plus le temps passe, plus il y en a ! Alors la cueillette se fait en intégralité chaque jour pendant un mois et la transformation est effectuée de façon artisanale en petites quantités. « En Inde les femmes coupent les pistils de façon manuelle. Ici, on le fait au ciseau pour garder la 
qualité de la plante, on enlève la partie amère pour ne garder que le meilleur, puis elle est mise en désidrateur, ce qui est bénéfique car les ultra violets du soleil détruisent les molécules de l’huile essentielle, très recherché en gastronomie. »
Le safran séché est mis de suite en pots, dans le noir. Après deux mois, il est échantillonné pour les professionnels et les particuliers. Il est également incorporé dans des recettes de cuisine, des confitures et des confits, entre autres…
Ce dernier, intégré depuis longtemps dans la médecine traditionnelle chinoise, sert de protecteur au niveau des yeux (le collyre par exemple) mais aussi pour les gencives des bébés lors de la poussée des premières dents.
Il est également appelé l’épice de la bonne humeur. « Utilisé depuis deux ans en France, en phytothérapie, il obtient les mêmes résultats que le prozac (pour la dépression légère) sans avoir ses effets secondaires. » dixit Peggy, puis elle ajoute « À la base, le safran servait à colorer les aliments, tels que le riz, en tant qu’exhausteur de goût, les tissus, notamment, les robes des moines boudhistes et Léonard de Vinci utilisait, en peinture, des pigments qui étaient de la poudre de safran. »
Cette denrée impérissable est, en général, consommer à l’intérieur de quelques mois.
Retrouvez les vidéos de cette destination sur www.facebook.com/Sur-la-route-1727800047463188
Remerciements :
Katia Favre, Nathalie Lajoye, Jean-Marie Dabzac, Sandrine Dabzac et Peggy Faivre.
La Miellerie de Nathalie
47340 Saint Robert
France
https://fr-fr.facebook.com/nathalie.lajoye
Ferme de Ricard Bas
47340 Saint Robert
France
Boutique l’Alchimiste
4, rue Notre Dame
47140 Penne d’Agenais
France
Domaine Jagarens
47270 Saint-Martin de Beauville
France
www.jagarens.com