Iqualuit de Benoît Pilon

Avec Marie-Josée Croze, François Papineau, Natar Ungalaq, Christine Tootoo, Paul Nutarariaq et Sébastien Huberdeau

iqaluitCarmen (M‐J. Croze) se rend pour la première fois à Iqaluit au chevet de Gilles (F. Papineau), son mari gravement blessé. En cherchant à savoir ce qui s’est passé, elle se rapproche de Noah (N. Ungalaq), un ami Inuk de son époux. Elle comprend que son drame est lié au sien. Ils partent alors ensemble sur la baie de Frobisher, la première pour obtenir des réponses, le second pour empêcher son fils de commettre l’irréparable.

Durée : 1h43
Distribution : Films Séville
En salles depuis le 10 mars 2017

Par Corinne Bénichou

Les premières images de ce drame montrent un panneau indiquant une route qui ne mène nul part. Allégorie ou vérité ?

Le réalisateur de Ce qu’il faut pour vivre et Décharge met en scène un sujet qui va plus loin qu’une simple infidélité, malgré l’aspect prévisible d’une double vie. Il évoque avec sensibilité et intelligence, le statut de ce peuple, l’éloignement de ses racines identitaires et la vision biaisée de ses habitants envers ce qu’ils considèrent comme le ‘pourvoyeur colonisateur’.

L’élégance du cinéaste est de ne pas montrer la cause mais les conséquences et de laisser en suspens les effets du traumatisme humain. Il offre des scènes poignantes au sein de situations difficiles sans oublier l’alcool comme remède à la douleur.

François Papineau, Natar Ungalaaq et Christine Tootoo incarnent un trio imparfait mais ô combien touchant. En opposition, Marie-Josée Croze prête ses traits à une Montréalaise distante dont le seul but est d’avoir des réponses sur l’accident de son mari, sans pour autant s’associer ou s’intégrer à la réalité des faits. Les seules émotions qui la guident sont la rage, la peine et le sentiment de trahison avant de s’adoucir et d’essayer de comprendre.

La trame sonore de Robert Marcel Lepage fait place, de temps en temps, aux notes de piano, tel un baume et au violon pour les prises de vue plus soutenues.

Les grands espaces et cette lumière particulière et permanente vingt quatre heures par jour sur une période de six mois appelé soleil de minuit offrent à la photographie de Michel La Veaux un cachet vraiment séduisant pour les yeux. 

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