Des migrants de première génération, dont le corps porte les stigmates de l’exil, se réunissent à Montréal pour jouer de la musique. D’autres se cachent dans les rayons d’une bibliothèque, après la fermeture, afin de continuer à rêver et à vivre. D’autres encore, déracinés et marginaux, marchent sans fin dans des centres commerciaux, dans le métro, devant des bâtiments ministériels en quête d’une rencontre dans des pays imaginaires ou des avenirs dystopiques. D’une terrasse de Turin aux couloirs d’un musée des mémoires, un homme suit inexorablement son désir jusqu’à cueillir le baiser rêvé. Dans la plupart des narrations poétiques de ce livre, les personnages perdent des membres ou voient leur apparence physique se modifier.
Par Corinne Bénichou
Les particularités visibles, dès la première page, sont l’absence de majuscules et de ponctuation. Cette formulation inusitée rend la lecture ardue et paraît, à première vue, rébarbative, ce qui force le lecteur à être plus attentif pour assimiler le texte afin d’entrer de bonne façon dans l’univers de l’auteur.
Les propos sont également singuliers, parfois surréalistes jouant avec des métaphores tout en laissant la porte ouverte à la réflexion.
Une construction littéraire, dont chaque titre offre des sous-titres qui évoquent une situation, un ressenti. Certains paragraphes comportent plusieurs fois un mot, un sentiment, une évidence, un constat ou un combat.
Quant à l’écriture, elle se veut impersonnelle tout en étant très impliquée, pour mieux coucher autant les pensées que la souffrance sur le papier, à quelques exceptions près dans lesquelles l’auteur se met en scène et représente ainsi la création d’identités.
Les notes des dernières pages éclairent sur les bases réelles qui ont permis à l’écrivain de développer son objectif, vous faire partager une partie importante des différents parcours humains affiliés au sien.
Collection Sauvage.
Publié chez Annika Parance Éditeur.