De Toulouse à Eus : Paulilles, le site

pyrénées orientales logoCampé sur la commune de Port-Vendres, entre le Cap Béar et le Cap de l’Abeille, l’Anse de Paulilles contraste avec sa végétation luxuriante. Ce site classé est au cœur d’un grand paysage constitué de plages, de vignes en terrasse, de forêts de chênes et de promontoires rocheux.

Par Corinne Bénichou

Christine Bousquet, responsable du site et directrice Culture, Patrimoine et Catalanité, gère le lieu avec cœur et respect. Son équipe, toute aussi investie et sympathique qu’elle, a pour objectif de bien servir les visiteurs.

panneau plan sitePaulilles a eu trois vies, la première vers 1870, à ce moment là, la France est en guerre contre la Prusse (Allemagne) Gambetta accepte de lever le monopole sur la fabrication des poudres et explosifs demandé par Paul Barbe ingénieur associé à Alfred Nobel qui a donné ensuite le nom aux fameux prix Nobel !  « Ces derniers ambitionnent de mettre en place une dynamiterie avec l’accord de l’État mais le plus loin possible de la frontière ennemie. » Monsieur Barbe prend donc le train et se dirige vers le Sud de la France. Il arrive sur le site de Paulilles très éloigné du front et où il y a de l’eau douce nécessaire pour fabriquer la dynamite, un endroit desservi par le réseau ferroviaire pour les matières premières et par la voie entrée paulillesmaritime pour le transport de façon sécuritaire. « Port-vendres étant proche et très actif, il accueille de très grands bateaux de par sa situation protégée, il y a aussi des collines qui protègent les populations environnantes en cas d’explosion. » La configuration géographique s’y prête et politiquement, il est sécuritaire de faire confiance aux Catalans, réputés pour être de bons républicains. « Une dynamiterie en Corse aurait été plus risquée (blague !) Cette entreprise dite paternaliste (le terme est toujours de mise) va fonctionner jusqu’en 1984. Le directeur va faire construire des logements pour les ouvriers, aucune murales femmesexcuse concernant le retard, une école, les mères peuvent travailler en ayant leurs enfants proches. La spécificité du lieu étant que car les femmes (des petites mains) sont en majorité sur des emplois dangereux (bâton de dynamite) donc relativement bien rémunérés pour l’époque étant donné le risque encouru. Beaucoup de mesures sont avant-gardistes la mutuelle, le potager, les salaires, quatre fois plus élevés que le travail local comme la pêche ou la viticulture. » Jusqu’à quatre cents ouvriers, entre le village et l’entreprise, sans oublier la maison du directeur et son jardin dont la fontaine est d’origine. « La plupart des familles maison directeurde la côte vermeille ont une ou plusieurs personnes qui ont travaillé à la dynamiterie. » Cette dernière a malheureusement fonctionné pendant la première et la seconde guerre mondiale. Elle a également été utilisée en terme de travaux publics. Les chantiers du canal de Panama, le transsibérien, le tunnel du Mont Blanc, entre autres, sont de bons exemples ! Dans ce sens, rappeler les différents voyages de la dynamite par des carrés fleuris était un désir profond : l’Afrique du Nord (les mines du Sahara) l’Océanie (les mines de Mururoa en Polynésie) l’Amérique Centrale (le canal escaliers + fontainedu Panama) et l’Amérique du Sud (la base spatiale de Courou en Guyane). « Avec le tourisme grandissant, il était de plus en plus compliqué de concilier une activité dangereuse et les touristes. De plus, l’entreprise était de moins en moins rentable ! »

logo comité conservationEn 1980, le Comité de Conservation de la Nature des Pyrénées Orientales (CCNPO) travaille fort, en lien avec le ministère de l’environnement, afin de classer la côte vermeille, de protéger ses milieux écologiques sublimes ainsi que ses paysages extraordinaires. Lors d’une réunion, un des fonctionnaires insiste pour inclure Paulilles dans le processus en évoquant que l’endroit, tôt ou tard, deviendra une marina !

vue site merpalmier jardinEn 1984, l’usine ferme définitivement. Alors de nombreux projets les plus farfelus (un Disneyland, une centrale nucléaire…) sont avancés. « Monsieur Méry (proche du président de la république française Jacques Chirac), investisseur immobilier, achète le site en espérant le faire déclasser et construire ses cinq cents anneaux. Quelques années après, il le revendra à perte au conservatoire du littoral. » Crée en 1975, cet organisme d’état achète des terrains en bord de mer pour les ouvrir au public, tout en gardant sa conservation écologique, DSCN0588vue site jardinbiologique et paysagère. « Son objectif pour 2050 est d’obtenir un tiers du littoral français. Chaque année, il met son budget sur les acquisitions en donnant la gestion aux collectivités. »

bâtisses ouvriers1998, le lieu est à l’abandon, c’est devenu une friche industrielle avec l’habitat ouvrier, la maison du directeur, l’école, au total, plus de cent bâtisses ! « Toute l’infrastructure est en ruine, elle a été pillée, est rendue un terrain de jeu pour les militaires, une rave party pour les jeunes, un espace fréquenté à cause de ses plages mais resté dangereux. Il faudra dix ans avant de concrétiser un vrai projet. » En 2005/2006, un appel à candidatures au niveau européen est site trottoirlancé. La proposition sur L’avenir d’une mémoire est retenue. « Pendant deux ans vont se succéder d’énormes chantiers. Quatre dix bâtiments sont concassés, réduits en poudre et transformés en gravier. Les autres ont été restaurés. »

2008, c’est l’ouverture officielle du Paulilles tel qu’il est aujourd’hui. Ouvert à l’année, il est gratuit, offre un stationnement de deux cent cinquante six places. Accessible à tous, il reçoit deux tourcent quarante mille visiteurs chaque année. Sur le domaine cheminéeémerge une cheminée de brique de trente cinq mètres de haut, témoignage de l’histoire ouvrière et sociale. Ce véritable écrin de verdure est dominé par la tour Madeloc d’où vous pourrez admirer le panorama.

Trois thématiques :

1. Havre de paix et de nature.
2. l’histoire sous forme d’énigme diffusée un peu partout dans le jardin.
3. L’atelier des barques, restauration du patrimoine maritime catalan.

Du 1er avril au 31 octobre de 9 heures à21 heures.
Du 1er novembre au 31 mars : de 9 heures à 17 heures.

Des visites guidées sont à disposition sur simple demande à la réception.

www.conservatoire-du-littoral.fr/

Merci à Ghislaine Coronat, Julien Folcher, Catherine Gillot de l’Agence de Développement Touristique des Pyrénées Orientales (Perpignan), Christine Bousquet, responsable du site, directrice Culture, Patrimoine et Catalanité et Samuel Villevielle, chargé de mission (Paulilles).

Retrouvez les vidéos de ce voyage sur www.facebook.com/Sur-la-route-1727800047463188/

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