Les Femmes du Cinéma, de la Télévision et des Media Numériques

femmes cinéma logoC’est au 5 à 7 précédant le gala que Regards sur la ville a rencontré la présidente d’honneur et deux des récipiendaires de la seizième édition.

Par Corinne Bénichou

IMG_5486Louise Portal, présidente d’honneur, est une habituée de l’organisme, c’est la deuxième fois qu’elle occupe cette place. Elle a été honorée en 2002 et s’est exercée dans l’animation aussi, il y a quelques années. « C’est qu’on a un certain nombre d’années dans ce merveilleux monde du cinéma, de la télévision et des media numériques, quand on est demandée dans ce style de poste. Quand je suis disponible, c’est un plaisir de répondre à l’invitation. »

IMG_5478Cinq lauréates seront célébrées dans cette édition. Le talent et l’avenir des femmes sont de plus en plus évidents dans tous les domaines de l’industrie. « Au départ d’un film, il y a un scénario, sur une série on retrouve un ou plusieurs auteurs, sans oublier les actrices et les réalisatrices. »

anne emondAnne Émond incarne la nouvelle génération de cinéastes. « Audacieuse avec Nuit # 1, ayant fait plusieurs courts métrages avant, elle vient de tracer solidement son chemin avec Les êtres chers. Son prochain film sur Nelly Arcan promet une vision particulière de l’artiste. Elle va certainement offrir un contenu  à la fois osé et sensible. »

Deraspe, Archambault, Beaulieu, Robichaud, Bourdeau… Quelques noms parmi les nombreuses professionnelles avec qui Louise Portal a collaboré « Pour avoir travaillé avec ces femmes, je confirme qu’elles sont très actives dans le métier. »

Dans ses projets, la comédienne retourne au théâtre sous deux chapeaux, à l’écriture et sur les planches. Elle sera aussi de la distribution de la série Trop, écrite par Claude Labbé, diffusée prochainement  sur Ici tout tv.

Pour Anne Émond, la place de la femme dans le cinéma a grandement évoluée au fil des décennies. « J’ai récemment donné une classe de Maître à Québec. À cette occasion,  une jeune fille est venue me voir pour me dire que sa décision d’aller en cinéma découle de mon film Nuit #1. J’ai alors pensé qu’il y a quinze ans mes modèles cinématographiques étaient masculins ! Ce qui prouve l’évolution positive de ce métier. »

Le long métrage, Les êtres chers, reflète une sensibilité et un état d’âme propre à sa personne. « Je suis anxieuse, insécure, je doute beaucoup et rien ne me conforte ou me console ! » Cette reconnaissance est un petit velours, un compliment, une belle tape dans le dos pour la réalisatrice de nature angoissée. Ses inquiétudes ne lui sont pas nuisibles, au contraire, elles l’animent, la font vivre et se perçoivent dans ses œuvres.

Son projet Nelly est dans la phase post production. « J’ai hâte de le montrer, malgré un sujet casse-gueule, je n’ai pas hésité à plonger. Par contre, je sais qu’il est impossible de faire l’unanimité mais c’est à l’image du personnage ! »

La direction artistique est plus proche de l’œuvre que de la biographie et complètement éclatée. Le récit est un labyrinthe, une spirale dans laquelle le spectateur pénétrera. « Il n’y a pas vraiment de structure narrative chez Arcan. Le film fonctionne de la même manière, c’est une sorte de puzzle, par exemple, elle meurt cinq fois ! C’est atmosphérique. » Entre la part fiction et la réalité, Anne Émond ne l’ayant pas connue, s’est permis de mettre dans l’équation, un tiers tiré des livres, un tiers de ses recherches et de ses rencontres avec les amis et la famille et un tiers de son imagination.

sophie pregentSophie Prégent est une femme accomplie, une actrice aimée et une présidente efficace à l’Union des Artistes mais elle est surtout une maman, de son propre aveu, d’un garçon autiste qui a pris une grosse partie de sa vie. En deuxième position, c’est évidemment le jeu qui lui tient à cœur. « Je suis profondément une comédienne, c’est dans mon ADN ! Par contre, la chose la plus étonnante a été ma nomination à l’Union, je ne m’y attendais pas, c’est une belle surprise à l’aube de la cinquantaine ! Je découvre une gestionnaire en moi que je ne soupçonnais pas. » La vie est bien faite et tout arrive à point car, si à l’âge trente ans, l’occasion s’était présentée, elle n’aurait pas pu (ni voulu) occuper ce poste.

Cet honneur qui lui est rendu, elle le prend comme un cadeau. « C’est extraordinaire, merci. »

Outre son métier, il y a de nombreuses Sophie. La cuisine, les vacances (elle n’en prend pas assez à son goût), les voyages (elle en effectue trop peu de façon personnelle), alors l’actrice se donne des rendez-vous depuis sa conversation avec Pierre Curzi sur le plateau de Nouvelle adresse. Sourire aux lèvres elle repense à ce moment « Il avait quartier libre cet après-midi là, alors il en a profité pour descendre une rivière en canot avec un ami. À cet instant, je me suis promis qu’un jour, moi aussi, je descendrai une rivière ! »

Les élections américaines approchent et l’idée qu’une femme gouverne le plus grand pays occidental est envisagée dans l’esprit de Sophie Prégent. « Il y a huit ans, un homme noir était élu et dans quelques mois, une femme. Enfin la reconnaissance des qualités différentes de celles des hommes. Je ne pensais pas assister à cette évolution majeure qui est en train de se dérouler aux États-Unis ! La place de la femme est de plus en plus importante dans les sociétés modernes. »

Cet été, elle tourne dans la nouvelle mouture d’Unité 9, « la seule chose que je peux annoncer, c’est que je ne suis pas une détenue » Un saut à Sao Paulo dans le cadre de sa fonction à l’Union des Artistes, puis elle souhaite passer quelques jours à San Francisco et deux semaines en Floride pour des vacances en famille.

IMG_549019h30, c’est le temps de se rendre au gala. C’est dans une salle comble que l’animatrice Anaïs Favron s’est présentée sur scène. Avec humour et respect, elle a introduit Louise Portal qui a louangé le anais favronchemin parcouru depuis 1991, souligné La passion d’Augustine de Léa Pool et finit son discours par une chanson a capella. Faisant référence à la prestation de la femme du Premier Ministre Justin Trudeau, elle assure à l’audience qu’elle ne fera pas d’elle, une Sophie Grégoire !

Après les présentations des organisatrices de l’événement, Élodie Gagnon, directrice générale et Natalie McNeil, coprésidente avec Karine Dubois,  les candidates se sont succédées.

kadjira haidiraLe prix Métier est revenu à Kadidja Haïdara scénariste des séries Les Béliers, Quart de vie et Le Chalet. Sa manière de ne pas faire e compromis et l’imagination certaine de sa plume sont des indicateurs d’une signature forte et prometteuse.

mc beauchampsDans la catégorie Pionnière, Marie-Claude Beauchamp, productrice depuis plus de trente ans, dont douze ans à la tête de Carpe Diem (La légende de Sarila). Son plus récent projet La guerre des tuques (animation 3D) lui a valu plusieurs prix prestigieux.

elizabeth plankC’est le parcours de la journaliste Elizabeth Plank qui a été souligné pour le Rayonnement d’exception. Son utilisation ingénieuse des media sociaux et son sens de la vulgarisation ont permis de sensibiliser et de mobiliser les jeunes générations pour qui elle est une inspiration au même titre que les modèles féminins qu’elle met de l’avant.

Pour ses rôles marquants tant en télévision (Rumeurs, Nos Étés, Miss Météo, Trente vies, Nouvelle adresse), en théâtre (Cyrano de Bergerac, Antigone), qu’en cinéma (un crabe dans la tête, Les 3 p’tits cochons, Piché entre ciel et terre), Sophie Prégent a été considérée aussi pour le travail colossal qu’elle a accompli au sein de l’Union des Artistes. Son franc parler et ses prises de position courageuses sont un véritable vent de fraîcheur dans cette industrie. C’est donc pour l’ensemble de sa Carrière qu’elle a été honorée.

La dernière mais non la moindre, Anne Émond, réalisatrice de Nuit #1 et Les êtres chers s’est vue décerné le prix Relève pour la façon dont elle a su prendre sa place dans le milieu cinématographique québécois avec une voix créative forte et des œuvres remarquées localement et internationalement.

Les intermèdes de la présentatrice, à la fois drôles et mordants, ont permis un déroulement festif à la panoplie de vidéos et de remerciements durant les deux heures du gala.

Afin de poursuivre les célébrations, la soirée s’est prolongée avec un cocktail dînatoire.

L’association a été créée pour offrir aux femmes de l’industrie, des outils, aider à développer les compétences et le talent de chacune et les encourager dans la poursuite des buts fixés au départ. L’enthousiasme sous-jacent au succès annuel de ce rassemblement rend certainement justice à la raison d’être de cet événement et à la cause qu’il supporte.

Depuis quinze ans, les Femmes du Cinéma, de la Télévision et des Media Numériques ont honoré soixante quatorze femmes, dont Janette Bertrand, Élise Guilbault, Marina Orsini, Sarah Mishara, Anne Dorval, Hélène Girard et Denise Filiatrault.

www.fctmn.org

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