Située au cœur du Quartier latin, peu d’endroits incarnent avec autant d’intensité la crise de l’itinérance que cette place montréalaise.
Par Corinne Bénichou
Du 22 octobre 2025 au 1er mars 2026, dans les media, elle suscite les débats et est souvent présentée comme un endroit délaissé, marqué par la présence illégitime de personnes déracinées. Réalisée dans le cadre d’un partenariat unissant le centre d’histoire des régulations sociales, le service aux collectivités de l’UQAM, Exeko et l’Écomusée du fier monde, cette exposition propose d’inscrire la réalité dans l’histoire de ce territoire, qui a toujours été un lieu de très grande mixité sociale et ce, dès les années 1840 avec la construction des premières œuvres des Sœurs de la Providence destinées à venir en aide
aux personnes dans le besoin en offrant des soins et des services aux personnes âgées, orphelines, malades, sans-emploi et sans-abri issus, pour la plupart, des quartiers ouvriers environnants. D’autres institutions installées à proximité, telles l’œuvre de la soupe, le dispensaire des pauvres ou l’orphelinat Saint-Alexis, contribuaient également à soutenir les plus vulnérables.
En 1963, l’asile de la Providence est vendu à la municipalité qui le rase pour construire la
station de métro Berri-De Montigny (Berri-UQAM). Le terrain accueille un stationnement automobile jusqu’en 1992 et devient, à l’occasion du trois cent-cinquantième anniversaire de Montréal, une place publique. Trois ans plus tard, le lieu prendra le nom d’Émilie Gamelin.
Depuis, plusieurs ont tenté de débarrasser le secteur d’une population considérée indésirable, les projets de revitalisation (réaménagement) se sont succédé, en vain. À travers des archives et des artefacts jumelés à des créations artistiques, découvrez l’histoire de cet espace contesté comme le théâtre d’un long affrontement autour d’une question fondamentale, qui a droit à la ville ?
Grâce à une sélection d’archives, l’exposition retrace la présence des populations défavorisées sur ce territoire, depuis près de deux siècles, en plus d’investiguer les nombreux projets de redynamisation conçus pour ce secteur. Ce contenu historique est enrichi par des créations artistiques collaboratives, issues notamment du projet L’écho de la rue. Porté par l’équipe d’Exeko, cette initiative de médiation sociale et culturelle a pour objectif de créer des espaces de dialogue et de création avec les groupes marginalisés, l’art devenant, ainsi, un outil pour promouvoir l’expression des personnes en situation d’itinérance et faire résonner des voix capables de révolutionner l’imaginaire collectif.
Écomusée du fier monde
2050, Atateken
Montréal
(514) 528-8444
https://ecomusee.qc.ca