Dimanche 2 juin 2019, le maestro de la lumière, le directeur de la photographie Pierre Mignot recevra l’Iris Hommage 2019 lors du Gala Artisans. Avec plus de cinquante ans de carrière à son actif, ce créateur de plans emblématiques a collaboré aux côtés d’une liste fructueuse de cinéastes de renom tels que Léa Pool, Jean-Marc Vallée, Robert Lepage, Robert Ménard, sans oublier l’illustre réalisateur américain Robert Altman.
Par Corinne Bénichou
Le récipiendaire a été sélectionné suite à la recommandation unanime du comité de représentation professionnelle de l’organisation. Québec Cinéma souligne annuellement le talent et l’apport d’un artiste du milieu marquant à la fois le public et l’industrie. Le choix de cette année remet en valeur l’importance du travail des artisans au sein de l’industrie cinématographique. Durant près de cinq décennies, les prises de vues de Pierre Mignot ont sublimé le paysage du 7e Art. Par son expertise, son talent, et sa vision, il a activement participé au rayonnement du cinéma québécois à travers le monde.
« Nous soulignons ici l’œuvre exceptionnelle d’un véritable virtuose de l’image. Au cours de sa remarquable carrière, Pierre Mignot a collaboré avec les plus grands d’ici et d’ailleurs, tels Jean Beaudin, Jean-Marc Vallée, Léa Pool, Louis Bélanger et bien sûr, Robert Altman avec qui il avait développé une belle complicité. Après lui avoir décerné trois prix Jutra pour la direction de la photographie des films Le Papillon bleu, C.R.A.Z.Y. et Un dimanche à Kigali, c’est cette fois l’Iris Hommage que Québec Cinéma est fier de décerner à cet artiste à la filmographie impressionnante tant par sa qualité que sa diversité et dont les images font, à jamais, partie intégrante de notre cinématographie contemporaine » mentionne Ségolène Roederer directrice générale de Québec Cinéma.
Né en 1944 à Montréal, Pierre Mignot s’est imposé comme l’un des directeurs photo les plus prolifiques et inspirants du Québec en travaillant sur près de cent trente films. Dès onze ans, il éprouve une fascination pour le développement photo qu’il compare à un tour de magie. D’abord photographe de plateau, ce jeune homme discret parvient à se faire engager par Michel Brault comme assistant-monteur sur le film Entre la mer et l’eau douce. Il débute sa carrière comme cameraman au sein de la compagnie Delta Films, et intègre l’Office national du film du Canada (ONF). Durant une dizaine d’années, il participera à une trentaine de productions, principalement des documentaires, grâce auxquelles il côtoiera, entre autres, Denys Arcand, Jean Beaudin et André Mélançon.
1971, après des débuts en fiction avec C’est ben beau l’amour de Marc Daigle, sa participation au film J.A. Martin Photographe de Jean Beaudin attire l’attention d’un certain Robert Altman, avec qui il collaborera pendant une douzaine d’années. Il signera ainsi les images de neuf des longs métrages du cinéaste américain, dont Come Back to the 5 & Dime Jimmy Dean, Jimmy Dean, Fool for Love et Prêt-à-porter.
1995, il tire sa révérence sur sa carrière hollywoodienne pour prôner sa terre natale et les projets québécois.
Entre 1996 et 2004, ses images ont été vues notamment dans Les muses orphelines de Robert Favreau, Cruising Bar de Robert Ménard, Sous-sol de Pierre Gang, Nô de Robert Lepage, Les muses orphelines de Robert Favreau, Ma vie en cinémascope de Denise Filiatrault ou encore Tu as crié Let Me Go d’Anne Claire Poirier.
2005 et 2007, il remporte le Jutra de la meilleure direction de la photographie trois fois de suite, pour Le papillon bleu de Léa Pool, C.R.A.Z.Y. de Jean-Marc Vallée et Un dimanche à Kigali de Robert Favreau.
2007, il reçoit le prix Albert-Tessier, la plus prestigieuse récompense dans le domaine du cinéma au Québec. L’humilité de l’homme reste de mise malgré le nombre de récompenses. Il résume d’ailleurs son métier par une belle métaphore « Un scénario de film, c’est comme un opéra. L’acteur est le chanteur. Le réalisateur, le chef d’orchestre et le directeur photo, le premier violon. »
Toujours partant pour transmettre son expertise envers la jeune génération, Pierre Mignot fait partie des formateurs du programme cinéma de L’inis où il s’implique comme directeur photo sur plusieurs projets réalisés par les étudiants.
Du 17 au 26 mai 2019, à l’occasion de cet événement, une rétrospective de plusieurs œuvres cultes sur lesquelles Pierre Mignot a collaboré sera projetée, en compagnie du maître de l’image.
Jusqu’au 1er juillet 2019, l’exposition Regards parallèles, un merveilleux mélange entre photographie et sculpture par la belle rencontre artistique entre Pierre Mignot et l’ingénieur du son et sculpteur, Claude Hazanavicius.
Grande remise de prix télévisuelle, le Gala Québec Cinéma récompense les œuvres et le talent des artistes à l’origine des films sortis dans l’année. Ce dernier, qui rejoint un vaste public au Québec comme à l’international, célèbre toute la richesse, la force et la singularité de ces créations. En raison de sa portée considérable, il constitue l’un des plus importants vecteurs de promotion du cinéma québécois.
Cinémathèque québécoise
335, de Maisonneuve Est
Montréal
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