De Toulouse à Eus…

Le voyage est toujours une aventure dépaysante, parfois déplaisante, souvent agréable, alliée à des rencontres étonnantes qui font de votre séjour un moment particulier. Alors, au retour, comment partager vos impressions, vos émotions et reproduire ce que vos yeux ont vu et vos oreilles, entendu ?

Le reportage qui suit vous amènera d’abord à Toulouse, dans le département de la Haute-Garonne, puis à Perpignan et dans plusieurs villages du département des Pyrénées Orientales. Vol de nuit, destination le Sud de la France…

Par Corinne Bénichou

bâtisse briquesinsigne métroLa ville (en occitan Tolosa) abrite le siège de la plus ancienne société littéraire du monde occidental et l’une des plus anciennes universités d’Europe. Promenez-vous dans ses rues pour découvrir ses joyaux historiques, ses boutiques, ses cafés et ses restaurants… Imprégnez-vous de l’ambiance ! Ses briques colorées commerces place capitolequi ont servi peintures arcadesà l’édifier racontent toute une histoire ! Prenez le métro, rendez-vous place du Capitole. Sous les arcades, vous découvrirez les peintures de Raymond Moretti

plaque goudoulistatue nougaroPassez un moment au jardin du poète Pierre Goudouli (1580-1649). Allez voir la statue du chanteur natif de la cité, Claude Nougaro, réalisée par Sébastien Langloÿs, square du Capitole. Faites un tour sur les quais, profite-en pour flâner le long de la Garonne, dirigez-vous vers de l’église Notre-Dame de la Daurade, avant de revenir par la rue Gambetta et prenez le temps quai garonneplace quai garonned’apprécier le Couvent des Jacobins. À votre arrivée sur les lieux, vous pourriez avoir la chance de rencontrer une jeune femme érudite et sympathique qui vous expliquera les diverses périodes de la bâtisse.

dominique chanoineIl faut savoir que c’est en 1215 que Dominique chanoine d’Osma y installe l’Ordre des Prêcheurs. Dans un contexte de lutte contre la foi cathare, la communauté met le dialogue et la rencontre au cœur de sa mission. « Suite à une donation, l’église et le couvent sont érigés. Les premières pierres sont posées en 1230, Dominique est déjà décédé ! Il ne verra jamais son œuvre couventterminée. La fin des travaux se fera en 1375 sur un bâtiment gothique minimal selon la volonté des Dominicains dont la famille religieuse qu’on appelle les Ordres Mendiants, comme les Augustins, revendiquent la simplicité, la mendicité et le voeux de pauvreté. Ils refusent d’habiter dans des couvent explicationslieux fastueux. » Au fil des siècles ils se sont assouplis, ont compris qu’une belle église plaisait aux fidèles. « La première était beaucoup plus petite. Elle était deux fois moins haute et deux fois moins large. Dominique ayant imposé des règles architecturales sur son élévation. Il voulait que ce lieu n’excède pas treize mètres soixante de haut ce qui pencarte couventdonnait un plafond juste au dessous des vitraux. » Au départ les grandes colonnes situées au milieu de l’édifice n’existaient pas, des piliers carrés (dont les marques sont encore visibles) se trouvaient un peu partout comme un dallage pédagogique. « Vous pourrez constater les différents revêtements au sol et les bandes plancher couventblanches dévoilant l’agrandissement d’où l’apparition du chevet. De plus, en rehaussant la hauteur, une colonne spéciale (la dernière), appelée le Palmier, a été créée. Généralement, une voûte repose sur deux piliers, ce qui n’est pas le cas ici ! L’architecte a alors imaginé multiplier les nervures, c’est l’invention typique du Gothique, pour équilibrer les charges et les faire retomber jusqu’en bas. Il y en a palmier bis couventvingt-deux. C’est l’écrivain français, Paul Claudel, qui a mentionné le premier le nom de Palmier. » La particularité de ce lieu est l’espace séparé en deux avec une seule rangée au milieu de l’édifice religieux, contrairement aux autres de l’époque qui en contenaient deux. La Nef, réservée aux frères, est proche de la partie conventuelle et celle consacrée aux fidèles, venant entendre les messes, se trouve près de la porte centrale actuelle. Ces deux parties étaient [Nef de l'église des Jacobins]délimitées par une barricade. Les Dominicains souhaitaient ne pas être vus pendant les offices. Les croyants devaient prêter attention à leurs discours et non à leur apparence. Toute l’architecture du couvent a ensuite été dictée par cette construction originale. À la Révolution Française, Napoléon 1er décide d’en faire une caserne d’artillerie. Des militaires investissent donc l’endroit et le transforment en lieu de vie. « Il faut imaginer deux niveaux de plancher, en haut, dortoirs et stockage de marchandises, au rez-de-rose couventchaussée, le matériel et les chevaux. » Les seuls vitraux d’origine sont deux roses du quatorzième siècle. Les autres ont été détruits par l’agencement des fameux planchers pour loger les officiers ! » De ce fait, plusieurs campagnes de restauration ont été effectuées. La plus ancienne date de 1910-1920. La difficulté principale était de savoir ce qui avait été en place auparavant. Le maître verrier s’est inspiré de la baie, obstruée en permanence, donnant sur le clocher. « Il s’est dit que les motifs devaient être similaires, il a alors vitraux bleusreproduit à l’identique. » Pour la partie plus contemporaine, l’inspiration est venue des couleurs chaudes (orange, rouge) des vitraux côté Sud et des teintes plus froides comme le bleu, côté Nord. « À Toulouse la matière première est l’argile rouge d’où les briques de cette couleur et son surnom de ville rose ! Les Dominicains ont utilisé ce matériau local versus le marbre d’Italie très cher à l’époque de Carrare. Par contre, ils l’ont enduit et créer un trompe l’œil de couleur rose et vert. Une très belle imitation ! »

topinacaféRemplis de ce savoir, finissez votre parcours à la maison de l’Occitanie*  (l’Ostal d’Occitania) où vous pourrez vous désaltérer au café associatif La Topina et mieux comprendre l’histoire de France à travers la langue d’Oc et sa culture millénaire. Au 11 pancarte occitancour intérieurrue Malcousinat, l’hôtel particulier de Boysson-Cheverry, datant de la deuxième moitié du quinzième siècle, accueille régulièrement conférenciers, musiciens, auteurs et autres artistes, tant pour le plaisir des Toulousains que celui des touristes.

mairiePar contre, évitez l’administration municipale rigide et conventionnelle. Pas de place à l’improvisation, prévoyez donc votre venue et vos demandes avant votre arrivée, sinon, vous serez envoyés d’un endroit à un office tourismeautre sans obtenir satisfaction. Quant à l’office de tourisme, Evitez certaines employées, au comportement désagréable, qui offrent un très mauvais service allant à l’encontre de l’éthique conféré à cette fonction.

Les deux jours passés dans la ville n’ont eu aucun soutien de ces deux institutions. Seuls les recommandations des citoyens et les rencontres fortuites avec ces derniers ont contribué à élaborer ce reportage.

Merci à Philippe Granier-Bompan, Alain, Jeanine et Valérie Defer pour leur accueil, leur générosité et leur implication.

* Les treize départements, composant les régions administratives Midi Pyrénées et Languedoc-Roussillon, ont été regroupés en une seule, nommée Occitanie depuis la réforme territoriale de 2014 imposée par le gouvernement français, ce qui ne représente pas les particularités linguistiques, culturelles, humaines et historiques des populations concernées. Afin de respecter la diversité existante, il faudrait préférablement l’appeler Occitanie et Pays Catalans.

Retrouvez les vidéos de ce voyage sur www.facebook.com/Sur-la-route-1727800047463188/  

Ce contenu a été publié dans Sortir. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.