Ce festival entend bien montrer, pour sa vingtième édition, sous la bannière Des livres et des idées, son audace et sa curiosité. Des rencontres entre les livres, les auteurs et les lecteurs réunis par le plaisir de l’intelligence et les cœurs.
Par Corinne Bénichou
Du 20 au 29 avril 2018, L’événement, programmé dans une douzaine de lieux(1), mêle allègrement tant les écrivains québécois, canadiens que ceux venus d’ailleurs sous différents thèmes.
Peur et noirceur : Il y a deux cents ans paraissait Frankenstein ou le Prométhée moderne, de Mary Shelley. Pour souligner cet anniversaire, il a «été concocté un programme où les délicieux frissons des polars cohabitent avec les peurs de l’époque contemporaine celle de l’autre, de l’étranger, du présent et leurs manifestations telles que la violence, la guerre ou la pornographie. La Serpe (prix Femina 2017) de Philippe Jaenada, Il y aura des morts de Patrick Sénécal, Mercy, Mary, Patty de Lola Lafon, Un été catalan de 
Fulvio Caccia, Deux balles, un sourire de Jean-Jacques Pelletier, Combat de chiens de Lluís Anton Baulenas, Un racisme imaginaire de Pascal Bruckner ou Pornoculture. Voyage au bout de la chair de Claudia Attimonelli et Vincenzo Susca, entre autres, entraîneront le public vers la part d’ombre de l’être humain.
Ciels du nord : Les pays d’Europe du nord ont la réputation de compter d’excellents écrivains. Metropolis bleu est heureux d’accueillir six d’entre eux : Ragnar Jónasson (Islande), Ulrikka S. Gernes (Danemark), Viveca Sten (Suède), Torkil Damhaug (Norvège), Jonas HassenKhemiri (Suède) et Morten Strøksnes (Norvège). De la pêche au requin à un désaxé pyromane, de la défonce d’adolescents aux inquiétudes de la 
mémoire, entre policier, poésie, récit d’aventures, thriller et roman, autant d’univers et de regards contrastés. Cette série est le point d’orgue littéraire du Printemps nordique, qui se déploie à la Place des Arts pendant le mois d’avril.
Matière grise : Le festival s’interroge sur les multiples manières que la littérature a d’aborder la question du vieillissement. Daniel Mendelsohn avec Une Odyssée – un père, un fils, une épopée, Yvon Rivard et Le dernier chalet, Souvenirs de la marée basse de Chantal Thomas ou Tous les âges me diront bienheureuse par Emmanuelle Caron. Tous toisent le temps !
La programmation Azul, en langue espagnole et portugaise, d’Amérique latine et d’Europe, continue de prendre de l’ampleur. Cete année : Un hommage à Hugh Hazelton, grand passeur montréalais, des découvertes dont la Portugaise Cristina Carvalho, les jeunes écrivains de Bogotá et l’Espagnole Luna Miguel, sans oublier des échanges avec le Canado-bolivien Alejandro Saravaria ainsi que les collaborateurs de la revue L’Inconvénient sur les nouvelles voix de la littérature mexicaine.
La programmation LGBTQ met en valeur Kamal Al-Solaylee, Guy Verville, Amber Dawn ou Catherine Hernandez qui, au-delà des genres, de l’identité ou de la langue d’écriture, abordent des sujets universels. La série Almemar vient rappeler la richesse et la variété des œuvres écrites par des auteurs de confession juive. Entre 
l’Israélo-américain Ruby Namdar et la Montréalaise Ariela Freedman, entre Why the Jews ? film sur la spécificité de la culture juive et une table ronde sur la Jérusalem fantasmée par chacun, il n’y a que l’embarras du choix.
En 2018, fidèle à ses habitudes, il a été décerné plusieurs prix littéraires. Cette année, il y en a six :
Le grand prix Metropolis bleu, édition spéciale vingtième anniversaire, est remis au philosophe et essayiste Charles Taylor (Canada/Québec).
Le prix des Premiers Peuples est remis à l’essayiste et romancière Lee Maracle, originaire de la nation stó:lō (Canada).
Le prix Metropolis Azul est remis à la journaliste et romancière Leila Guerriero (Argentine).
Le prix Des mots pour changer est remis au romancier Charif Majdalani (Liban).
Le prix de la diversité Metropolis bleu/Conseil des arts de Montréal est remis à la romancière Alina Dumitrescu (Canada/Québec/Roumanie).
Le prix littéraire Violet Metropolis bleu (littérature LGBTQ), nouvellement créé, est remis à la romancière, essayiste et poète Nicole Brossard (Canada/Québec).
En première nord-américaine, le film Éditeur, écrit et réalisé par l’éditeur français Paul Otchakosky-Laurens, brutalement disparu en janvier sera diffusé.(2) La projection sera suivie d’une discussion sur ce métier fascinant qui consiste à faire naître des livres.
Du 20 au 22 et du 27 au 29 avril, le festival propose cent quinze activités, dont une quarantaine sont gratuites, ouvertes à toute la famille, dans les bibliothèques et les maisons de la culture de Montréal.
Tout au long de l’année, la fondation Metropolis bleu poursuit divers programmes éducatifs dans les écoles du Québec sous la forme de lancements et d’actes citoyens.
L‘organisme, à but non lucratif, a pour mission de réunir les gens de langues et de cultures diverses autour du plaisir de lire et d’écrire, permettant ainsi l’éclosion de la créativité et la compréhension interculturelle. La fondation présente annuellement un festival littéraire international et offre aussi une gamme de programmes éducatifs et sociaux en classe et en ligne. Parce que l’écriture et la lecture vont bien au-delà du divertissement, ces programmes sont également utilisés comme outils thérapeutiques, de persévérance scolaire et de lutte contre la pauvreté et l’exclusion.
Hôtel 10 (1)
10, Sherbrooke Ouest
Montréal
Cinémathèque québécoise (2)
335, De Maisonneuve Est
Montréal