Le Roi se meurt d’Eugène Ionesco

Jusqu’au 9 février 2013

Mise en scène de Frédéric Dubois

Avec Violette Chauveau, Patrice Dubois, Kathleen Fortin, Benoît McGinnis, Émilien Néron et Isabelle Vincent.

roi meurtAvant la fin de la représentation, le roi Bérenger (B. McGinnis) va mourir. Il n’a d’autre choix et le Médecin (P. Dubois) est catégorique à ce sujet. Mais le souverain et sa seconde épouse Marie (V. Chauveau) refusent cette finalité. Pourtant, les murs du palais se fissurent, le chauffage est en panne et l’armée a déserté la région depuis un moment. Récit du déclin irréversible d’un long règne où le plaisir l’emportait sur les responsabilités.

Par Gabrielle Lamontagne-Hallé

C’est avec une énergie digne d’un vaudeville que s’ouvre la dernière mise en scène de Frédéric Dubois. Les rideaux de scène n’ont pas été levés que les reines Marie et Marguerite multiplient les allers et venues, suivies au pas de course par la femme de chambre aux pommettes écarlates, sous les yeux du jeune garde étourdi.

Leurs costumes, qui marient le chic de la royauté et une esthétique plutôt ‘trash’, sont absolument magnifiques. Le clin d’œil moderne des sabots de plastique de style crocs aux pieds de la ménagère empotée a d’ailleurs le mérite de faire sourire !

Si le décor est minimaliste, il enrichit tout de même beaucoup le propos de la pièce en offrant au public un étonnant reflet de la réalité. Comme la chose est moins fréquente entre les murs du Théâtre du Nouveau Monde, l’exploitation à grande échelle de la salle, pour laquelle a opté le metteur en scène, est réjouissante. Elle donne un rythme déambulatoire et ajoute à l’urgence de la mort annoncée du roi.

Après avoir marqué les esprits au printemps 2011 en se glissant de façon remarquable dans la peau d’Hamlet, Benoît McGinnis était dans le radar des fidèles. Il fait à nouveau honneur à un classique de la dramaturgie en incarnant le jeune roi de trois cents ans en fin de règne. L’acteur est d’ailleurs entouré d’une excellente distribution. Violette Chauveau semble calquée sur la poupée Barbie, ce qui n’empêche pas de croire à l’amour sincère qu’elle voue à Bérenger.

Les derniers moments du souverain tendent à s’étirer quelque peu, mais la valeur ajoutée de la scénographie miroitante et l’étonnante actualité du propos d’Ionesco dans ce texte valent assurément le détour.

THÉÂTRE DU NOUVEAU MONDE
84, rue Sainte-Catherine Ouest
Montréal
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