Violette de Martin Provost

Avec Emmanuelle Devos, Sandrine Kiberlain, Catherine Hiegel, Jacques Bonnaffé et Olivier Gourmet.

Violettviolettee Leduc (E. Devos), née bâtarde au début du siècle dernier, rencontre Simone de Beauvoir (S. Kiberlain) dans les années d’après-guerre à Saint-Germain-des-Prés. Commence une relation intense entre les deux femmes, qui va durer toute leur vie, basée sur la quête de la liberté par l’écriture pour la première et la conviction, pour la seconde, d’avoir entre les mains le destin d’un écrivain hors norme.

Durée : 2h19
Distribution : Métropole Films
En salles depuis le 6 décembre 2013

Par Corinne Bénichou

Après Séraphine, qui mettait en vedette l’actrice belge Yolande Moreau, le réalisateur présente, avec ce drame biographique, de 1942 à 1964, une femme passionnée,  artiste avant-gardiste, courageuse, dévouée et complexe.

Il honore avec cette œuvre, la persévérance de la créatrice controversée, rongée par la solitude, qui avait la capacité de faire accepter la différence et dont le don de soi va au-delà du féminisme.

Les auteurs Maurice Rossignol, Jean Genet, Albert Camus, Jean Cocteau (représentant l’élite de la littérature française) et le parfumeur Jacques Guérin ont partagé son existence, mais c’est la célèbre Simone de Beauvoir (Le deuxième sexe), à la fois l’amour de sa vie et la cause principale de sa souffrance (le sentiment n’étant pas réciproque), qui l’a fait grandir et lui a donné la force d’écrire La Bâtarde, quelle a préfacé. La considération que lui portait la conjointe de Jean-Paul Sartre était surtout cérébrale. Elle se devait de faire connaître et prospérer ce joyau à l’état pur. Elle a d’ailleurs été sa conseillère et sa bienfaitrice tout au long de leur relation. Sa mère a également eu une grande influence, tant bénéfique que néfaste, sur sa carrière.

Ce talent a brisé des tabous en abordant des thèmes comme l’avortement et l’homosexualité à une époque où la bienséance ne l’autorisait pas. Elle a attiré le regard des autres sur sa valeur humaine et a fini par trouver la sérénité dans le village de Faucon, près du Mont Ventoux, en provence.

Les prestations des trois actrices sont impeccables, Emmanuelle Devos s’est appropriée, avec brio, cette femme laide aux multiples facettes, Sandrine Kiberlain campe une Simone de Beauvoir dotée d’une grande classe et Catherine Hiegel est splendide dans le rôle de la mère intransigeante.

Trois ans de préparatifs ont été nécessaires pour concrétiser ce projet qui comporte une certaine modernité dans le ton, sans oublier les dix-sept versions du scénario pour en sortir l’essentiel.

Ce long métrage attire l’attention sur l’oeuvre méconnue (une douzaine de livres) d’un auteur resté dans l’ombre trop longtemps.

Prix du public au 19e festival Cinémania de Montréal

Ce contenu a été publié dans Cinéma. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.