Jusqu’au 5 septembre 2016
Plus de deux cent vingt artéfacts archéologiques, statues de bronze et de marbre, mosaïques, fresques, arts décoratifs et objets usuels dans la plus importante exposition présentée au Québec sur la cité romaine !
Par Corinne Bénichou
À la rencontre de ses habitants
Un parcours conçu pour les familles permettra aux enfants de découvrir une histoire fascinante. Profitez de l’espace famille Carpe diem pour participer à des ateliers de création, visionner des films ou lire un livre.
Le Musée des beaux-arts de Montréal, en partenariat avec le Musée royal de l’Ontario à Toronto, le Musée archéologique national de Naples et la Soprintendenza Pompei, (quelques œuvres proviennent de la cité voisine d’Herculanum) a fait renaître cette ville emblématique de l’Empire romain, au moment de l’éruption du Vésuve en 79 de notre ère.
Nathalie Bondil, directrice et conservatrice en chef du Musée des beaux-arts, souligne « Pour tous ceux qui ont visité les sites de Pompéi et d’Herculanum, une impression étrange marque à jamais leur mémoire, une impression de familiarité avec ces habitants, de similitude avec ces monuments, de proximité avec ces objets quotidiens, une émotion face au drame de ces corps moulés… C’est pourquoi je souhaitais imaginer pour Montréal, au-delà de la rareté des vestiges, de la préciosité des objets et du nombre de prêts généreusement consentis, forcer une évocation immersive grâce à une scénographie singulière. »
Grâce aux sections thématiques et aux installations immersives, l’exposition propose un voyage à travers le temps et l’espace, quand passé et présent se répondent, une occasion d’imaginer la vie quotidienne des gens au moment où s’est produit le drame.
Paul Denis, commissaire principal de l’exposition et conservateur adjoint au Musée royal de l’Ontario, explique « L’exposition offre une perspective incomparable sur les sphères publique, privée et intime des Romains qui vivaient il y a deux mille ans. »
Laura Vigo, archéologue italienne au Musée des beaux-arts et co-commissaire de l’exposition ajoute «C’est à huit ans que j’ai été fascinée par Pompéi. Je me revois marchant dans ces rues d’un autre âge, explorant du regard ces résidences autre fois majestueuses à travers leurs murs en ruines, portant les yeux sur ces fresques et même sur les moulages des victimes, leur ultime souffle coupé par la furie du Vésuve. Pour l’enfant que j’étais (et même encore maintenant pour l’adulte que je suis) c’était comme si je pouvais prendre conscience, à travers ces ombres fugitives, de la vie antique telle qu’elle était, deux mille ans avant moi. Là est le charme pénétrant de Pompéi. »
L’exposition présente les habitants, leur histoire, leur goût pour la vie et même une certaine volupté. Cet ensemble varié et exhaustif comprend des fresques, des mosaïques et des statues en différents matériaux (bronze, terre cuite et marbre), des accessoires de luxe et des pièces d’argenterie, des ustensiles courants, des objets religieux, des instruments de musique, des articles de jeux et de sport, ainsi qu’une superbe sélection d’objets d’art érotique provenant du Cabinet secret du Musée archéologique national de Naples, sans oublier un ajout de trois pièces pour montrer l’importance de l’activité physique et la mise en forme pour les Pompéiens avec les fragments d’une fresque de lutteurs, un strigile (racloir pour la peau) et une bouteille d’huile à massage nommée Aryballos
Elle inclut également quelques œuvres dont la très belle collection Harry A. Norton de verrerie romaine datant du premier siècle et quelques monnaies récemment acquises du docteur Demers.
Une ville figée dans le temps
En 88 après Jésus-Christ, quelques années seulement après l’éruption du Vésuve, le poète Stace réfléchit à l’avenir de Pompeii. Sans remettre en doute le pouvoir du retour de la vie, il se demande si les futures générations conserveront le souvenir de la catastrophe. Pendant plus de seize siècles, la ville reste enfouie sous plusieurs mètres de cendre durcie et quelque deux cents coulées de lave qui la recouvrent, son nom tombant dans l’oubli. Même si le volcan demeure actif (sa dernière éruption remonte à 1944), Pompeii renaîtra de ses cendres et deviendra l’une des plus fascinantes découvertes archéologiques de l’histoire.
Grâce aux effets visuels et sonores créés pour la présentation montréalaise, il est également offert une expérience multi sensorielle et immersive permettant d’imaginer le quotidien de cette ville jusqu’à ses heures les plus critiques.
La rue
Les visiteurs sont invités dans une rue animée, jadis prospère, dans ses marchés, ses temples et surtout, ils côtoient ses habitants, sculptés dans le marbre pour la postérité.
Les loisirs
L’exposition révèle la passion des habitants pour la musique, le théâtre, le jeu, les exploits sportifs et enfin, l’éros. Leur désir de profiter pleinement de la vie est à l’image de cette déclaration du poète Horace, vers 22 avant Jésus-Christ « Carpe diem, quam minimum credula postero/Cueille le jour présent sans te soucier du lendemain. » Des figures d’acteurs mi-grandeur, des instruments de musique, des accessoires de gladiateurs et des statues d’athlètes ainsi que de l’art érotique, notamment la fameuse fresque d’un satyre et d’une nymphe, met en lumière leur art de vivre.
La maison
Dans cet espace intime -de l’atrium (entrée) au cubiculum (chambre à coucher), en passant par le triclinium (salle à manger)- se dévoile notamment la femme, son rôle dans la société, ses goûts vestimentaires, son aspiration au luxe avec les parfums et les bijoux. Dans la salle des banquets évoquée par un cadre élégamment décoré de mosaïques, de fresques, de lampes et de meubles, vous serez séduits par la fraîcheur de ces morceaux vieux de deux mille ans et par les sonorités colorées des instruments de musique de l’époque romain.
Le jardin
C’est l’exemple de la symbiose entre l’illusion de l’image et la réalité naturelle, entre l’art, la nature et une sculpture de bronze aussi splendide que mystérieuse. L’une de cinq danseuses (péplophore) retrouvées dans la célèbre Villa dei Papiri (Villa des Papyrus) à Herculanum au 18e siècle, en train d’attacher (ou de détacher) sa tunique (péplos), vous fixe de ses yeux ivoire perçants qui tranchent sur son teint de bronze.
L’éruption
Une évocation multimédia plonge le public dans le déroulement de l’éruption du Vésuve survenue en 79 après Jésus-Christ au fil d’une interprétation contemporaine créée par la firme montréalaise Graphics eMotion, des différentes phases du cataclysme naturel qui s’est abattu dix-neuf heures durant sur la cité. Le spectateur pourra suivre l’éruption, depuis les premières secousses jusqu’aux nuées ardentes qui ont scellé à jamais le sort d’approximativement mille cinq cents habitants. Une célèbre mosaïque du chien de garde et le moulage du corps d’un chien prisonnier de ses chaînes évoquent le drame. Une expérience où l’émotion jaillit des formes, ciel étoilé, pluie dans l’impluvium, projections de jeux d’ombre et d’effets sonores d’un jardin, éruption volcanique immersive…
Découvrir à nouveau
Pompeii renaît de ses cendres à travers les vestiges de cette tragédie humaine et d’une dizaine de moulages exposés en contrepoint de Soleil noir l’œuvre récente du vidéaste français contemporain Laurent Grasso. (court métrage en 16 mm, réalisé en 2014 pour l’exposition Soleil double) survole, à l’aide d’un drone, les allées désertes et les ruines de Pompéi ainsi que les hauteurs lunaires et menaçantes du Stromboli, un volcan italien toujours en activité dans les îles Éoliennes.
La redécouverte du site à partir du 17e siècle et surtout, l’important rôle joué par Giuseppe Fiorelli, le directeur des fouilles, en développant la technique du moulage, a redonné vie à la ville à la fin du 19e siècle.
Des documentaires ou reconstitutions complètent la présentation
– Eruption of Mt. Vesuvius ! Castle Films, mars 1944, neuf minutes, Periscope Film LLC
– A Day in Pompeii, 2009, huit minutes. © 2010 Zero One Animation and MelbourneMuseum
– 79 A.D. Pompei, A Virtual Tour with Reconstructions of Herculaneum, 2014, vingt minutes.
Plusieurs firmes et artistes ont été engagés pour la scénographie :
1. L’atelier d’architecture In Situ pour les aménagements muséographiques
2. La salle des banquets est animée d’une trame sonore conçue à partir de papyrus retrouvés dans la ville égyptienne d’Oxyrhynque qui datent des 2e et 3e siècles. Les extraits sélectionnés par François Filiatrault, consultant en musiques anciennes, sont joués par l’ensemble De Organographia de Pandourion Records.
3. Un lustre conçu par la créatrice Lysanne Pépin surplombe le triclinium de la salle des banquets.
Pour répondre aux besoins grandissants des visites en famille, le musée intègre pour la première fois un espace famille à la sortie de l’exposition. Ce lieu ludique et multifonctionnel propose toute une gamme d’activités. Atelier d’art, espace de lecture, dispositif participatif, démonstrations, films, entre autres…
Un audio guide est également disponible. Il compte dix histoires inspirées par les objets phares de l’exposition. Une occasion unique de vivre une expérience parent/enfant de qualité en complément de la visite de l’exposition.
Le site mobile, pratique pour le visiteur, permet de consulter facilement, au moyen de son cellulaire ou de sa tablette, les panneaux explicatifs et les commentaires des œuvres en salle. Disponibles en français et en anglais, les textes ont été rédigés par Laura Vigo, commissaire de l’exposition.
Musée des beaux-arts
1380, Sherbrooke Ouest
Montréal
(514) 285-2000
www.mbam.qc.ca