Jusqu’au 11 décembre 2016, le centre des arts graphiques du musée devient le théâtre des fantasmes et des visions cauchemardesques de quelques uns des plus grands maîtres de la gravure de la fin du dix-neuvième siècle, avec Le soleil noir de la mélancolie : Monstres inconscients de Goya et Blake à Redon et Munch.
Par Corinne Bénichou
Cette exposition, dont le titre est tiré du sonnet El desdichado de Gérard de Nerval, rassemble dessins et lithographies d’une quinzaine d’artistes romantiques qui ont puisé dans leur imagination matière à susciter des émotions fortes chez le spectateur.
Des récits d’écrivains comme Mary Shelley, auteur de Frankenstein (1818) et Edgar Allan Poe, jusqu’aux explorations complexes par la psychanalyse, les sombres fantasmes du subconscient humain sont devenus un sujet de prédilection pour les artistes tels que William Blake, Rodolphe Bresdin, Eugène Delacroix, James Ensor, Paul Gauguin, Francisco de Goya, Victor Hugo, Max Klinger, Hans Makart, John Martin, Charles Meryon, Edvard Munch, Odilon Redon, Félicien Rops, James Tissot et Félix Vallotton
« Ce mouvement romantique, préfiguré par le philosophe Edmund Burke et ses réflexions sur le Beau et le Sublime met l’accent sur l’imagination créatrice individuelle, la fascination pour l’évocation délibérée d’un sentiment personnel intense et l’impact que produit sur le lecteur, l’auditeur ou le spectateur un mélange d’excitation et de frayeur » précise le commissaire conservateur sénior – collections et conservateur des maîtres anciens, Hilliard T. Goldfarb.
Francisco de Goya a brillamment exploré les facettes sombres de l’âme humaine, aussi bien du point de vue politique que par des commentaires acerbes, dans ses estampes telles que Les Proverbes, dont la série complète de la première édition est exposée pour la première fois.
Sont également présentées la série complète À Gustave Flaubert : La Tentation de saint Antoine, dédiée au grand écrivain par Odilon Redon et des lithographies de la série Hommage à Goya, peuplées d’étranges créatures embryonnaires sorties de son imagination. De plus, le musée dévoile une nouvelle acquisition, Le rapt / La jeune fille et la Mort de Hans Makart , un dessin fascinant qui reflète l’intérêt de l’artiste autrichien pour les thèmes romantiques associés à la musique.
William Blake, illustrations du Livre de Job et de La Divine Comédie de Dante, John Martin par sa célèbre manière noire monumentale, Le Déluge, ainsi que par ses illustrations inspirées du Paradis perdu de John Milton et Victor Hugo par un lavis presque abstrait et un papier découpé, figurent également dans cette présentation qui évoque la capacité du dix-neuvième siècle à émouvoir et terrifier.
Musée des beaux-arts
1380, Sherbrooke Ouest
Montréal
(514) 285-2000
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