Les Roses de Félix Rose

Avec Paul, Jacques, Rose, Claire et Suzanne Rose, Lise Balcer, Francis Simard, Andrée Bergeron, Marc Laurendeau, François et Jacques Lanctôt.

En octobre 1970, des membres du Front de libération du Québec enlèvent le ministre Pierre Laporte, déclenchant une crise sans précédent dans la province. Cinquante ans plus tard, le cinéaste tente de comprendre ce qui a pu mener son père et son oncle à commettre de tels actes.

Durée : 2h07
Distribution : Office National du Film
En salle depuis le 21 août

Par Corinne Bénichou

Des Patriotes au Front de Libération du Québec…

Le réalisateur n’a que six ans quand il apprend que son père (décédé en 2013) a été impliqué dans l’enlèvement et l’assassinat du ministre libéral Pierre Laporte.

Son long métrage est le fruit de dix ans de recherche. Le fils de Paul et neveu de Jacques, s’appuie sur des archives rares, des témoignages inédits afin de dévoiler la réelle dimension (à défaut de justice) sociale à travers l’histoire de sa famille, ouvriers miséreux de génération en génération, tributaire des inégalités flagrantes dans un Québec précédant la Révolution tranquille.

Vous suivrez sa démarche à partir de 1963 associant anecdotes et confessions des frères, soutien indéfectible de leur mère, interventions de la famille ainsi que des militants, réactions de Vigneault, Deschamps, Chartrand, Vaillancourt, Falardeau, images à Longueuil des cinq enfants confirmant la difficulté de vivre dans des conjonctures précaires à l’époque où les Anglophones étaient les patrons !

Le cinéaste évoque aussi la répression policière, les mesures de guerre instaurées par Pierre-Elliott Trudeau, sa provocation au défilé de la Saint-Jean-Baptiste sous le gouvernement provincial de Robert Bourrassa, la dépression de sa grand-mère, l’enlèvement de James Cross, diplomate britannique, par la cellule Libération, dont Jacques Lanctôt était membre, avant la prise d’otage de Pierre Laporte par la cellule Chénier et l’élection du Parti Québécois en 1976.

Il relate également le simulacre de procès, Paul Rose étant absent aux audiences. Condamné à perpétuité comme prisonnier politique, il a purgé douze ans de prison durant lesquels, il fait des enregistrements sonores clandestins destinés à Rose, sa mère, geste qui ne vous laissera pas insensible. Deux ans avant sa libération conditionnelle, en septembre 1980, Marc Laurendeau le rencontre au pénitencier. L’entrevue révèle les motivations qui ont mené à cette rébellion. Se débarrasser des tyrans au pouvoir.

Jacques, lui, a fait vingt-six mois de détention. Ce dernier raconte le contexte unique, ce moment charnière de la société québécoise tout en assumant, au final, la mort du ministre, même si son frère n’était pas présent, c’est la conséquence d’une action collective incluant Francis Simard et Bernard Lortie.

Plusieurs œuvres significatives considérées comme des références sont à voir ou à revoir : Les ordres (1974), Bingo (1974), Octobre (1994), (1998), La maison du pêcheur (2013), Corbo (2015) et Les rois mongols (2017).

Cette quête personnelle, qui apporte une nouvelle perception publique, va permettre à toute une génération de découvrir un pan de son Histoire (la petite comme la grande) méconnue.

Celui qui ne sait pas d’où il vient ne peut savoir où il va !

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