Ne vous y trompez pas, Le théâtre Aux Écuries n’est pas un centre équestre… C’est un incubateur théâtral. Un centre de création à l’écoute des rythmes, des besoins et des rêves des créateurs. Un lieu de diffusion pour les compagnies émergentes. Un théâtre qui offre au grand public des découvertes toujours plus singulières, étonnantes et poétiques.
Par Corinne Bénichou
La direction artistique de ce théâtre est un collectif. Ce compagnonnage éclectique se nourrit et se lie avec les artistes invités. Il cherche à faire entendre la diversité des voix qui s’expriment aujourd’hui, à présenter la pluralité du monde contemporain. Ce collectif, dont la directrice artistique actuelle, Marcelle Dubois, est membre, détermine les grandes orientations, conçoit la programmation artistique, sélectionne les projets soutenus par le centre de création, assure le mentorat et l’accompagnement des artistes accueillis, participe à des projets de médiation culturelle et anime le théâtre avec des projets spontanés.
Pour la petite histoire, en 2005, sept compagnies émergentes : Le théâtre de la Pire Espèce, L’Activité, le festival du Jamais Lu, le théâtre du Grand Jour, le théâtre I.N.K., le Magnifique Théâtre et le théâtre les Porteuses d’Aromates, ont fondé le théâtre Aux Écuries. Qui a d’abord été enregistré sous le nom de La Centrale. Ensemble, ces 
compagnies souhaitaient se doter d’un espace à la hauteur de leurs aspirations et de leurs besoins, leur permettant d’entretenir une relation de proximité avec le public, d’accroître leurs activités et de soutenir d’autres artistes de leur communauté.
À l’automne 2007, confrontées à la difficulté de trouver un lieu où s’établir, elles acceptent la proposition de leur consœur Les Deux Mondes désirant agrandir et rénover une partie du centre de production qu’elle détenait depuis 1996 dans le quartier Villeray. Après plusieurs années de chantier et d’occupation dans des conditions précaires, le centre de création et de diffusion théâtrale a enfin vu le jour en octobre 2011. Son mandat est directement lié au manifeste des fondateurs Ici tout commence qui comprend de nombreuses conditions, selon ce que vous êtes ou n’êtes pas et ce que vous ne faites pas dans la vie !
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L’automne est la saison propice au renouveau et à la présentation des œuvres et des artistes. Le théâtre Aux Écuries n’y échappe pas ! Du 19 octobre au 6 novembre 2021, la pièce Mononk Jules brise la glace en salle. Spectacle de théâtre documentaire et essai littéraire, il recolle une partie des morceaux de l’histoire méconnue des autochtones, celle qui n’a jamais été enseignée. Jocelyn Sioui tire sur les fils du récit de Jules, son grand-oncle, l’un des plus grands héros autochtones du vingtième siècle, qui a chuté dans un énorme trou de mémoire. Son combat le mènera jusqu’au sacrifice, une grève de la faim dont le but est l’indépendance des autochtones. Entouré d’écrans et de maquettes animées, le metteur en scène emporte le spectateur dans une boîte d’archives d’où personne n’en sort indemne.
Du 9 au 12 novembre, Suicide d’un mime à l’italienne est librement inspiré de l’histoire d’un mime italien qui, en 2003, s’est suicidé en affirmant que personne n’appréciait son art. Cette œuvre, basée sur le geste, l’image et la comédie physique, en propose une critique ludique, interrogeant aussi sur le rejet de cet art considéré comme mineur. Une comédie à l’esthétisme rappelant parfois les peintures de Picasso, parfois l’iconographie quétaine des clowns, des mimes et des acrobates démoralisés. Une méditation poétique et philosophique autour de la santé mentale, de l’acceptation de l’échec et de l’utilité primordiale de l’art.
Du 16 au 20 novembre, Plein tube est l’adaptation du premier roman d’Hervé Bouchard (Le Quartanier, 2006). Jacques Mailloux raconte des moments marquants de son enfance dans le désordre, toujours en quête d’authenticité. Il témoigne des mises en scène ordinaires de la vie, celle de soi, de la famille, du jeu, du mensonge, du faire semblant et de la mort. Il est partagé entre son envie de s’exprimer et son incapacité à le faire. Habité par ses souvenirs, le personnage trouve sur la scène un espace de jeu, de libération. Ses explorations langagières deviennent concrètes, habitées.
Du 2 au 4 décembre, Comment épouser un milliardaire. Ils étaient quatre cent soixante-dix en 2000, mille onze en 2010. Ils sont maintenant deux mille quatre vingt-quinze, sur sept milliards d’êtres humains. Ensemble, ils possèdent sept fois le capital permettant d’éradiquer la pauvreté mondiale. Pour ceux qui doutent de la poésie des pages du magazine Fortune, qui la goûtent, qui ont compris qu’il y a davantage de bénéfices à épouser un milliardaire plutôt qu’à travailler pour lui ou acheter ses produits, pour tous ceux-là, Michelle Parent détaille, lors de son enterrement de vie de jeune fille, la mécanique du capitalisme mondialisé. Un spectacle économique sur la liste Forbes des milliardaires, les riches et les pauvres. La comédienne de trente-sept ans vous convie à son dernier tour de piste. Dans son adieu convivial et intimiste, elle annonce mettre fin à sa carrière pour épouser un milliardaire. Finie la précarité !
Du 18 au 29 janvier 2022, c’est 100 Secondes avant minuit qui débute la nouvelle année. Depuis janvier 2020, L’horloge de l’Apocalypse a été avancée à cent secondes avant minuit par un groupe d’experts du Bulletin of the Atomic Scientists composé de treize lauréats du prix Nobel, qui évaluent le risque d’un effondrement social, nucléaire ou écologique. Minuit représente ici ce qui est imminent et irrémédiable, soit la fin du monde ! Intervenants en suicide, endeuillés et écorchés s’exerceront sous vos yeux à un jeu aussi vertigineux qu’intransigeant. Ils ont cent secondes, ou moins, pour se livrer tout en pédalant pour générer l’énergie nécessaire aux lampes qui les éclairent. Ils vont tout tenter pour cathartiser leur impuissance.
Du 17 février au 1er mars, la comédie existentielle inspirée par l’aspect absurde de la vie, Limbo, arrive sur scène. Dans un environnement évoquant celui d’une conférence, Claude, Marie-Luc et Lothaire se présentent au public, discutent de leurs relations et digressent continuellement. Alors que le chaos s’invite sur scène, la conférence glisse petit à petit vers une forme plus libre où le désordre devient le point de départ d’une pulsion qui sert à construire, à organiser et à créer. Pour l’occasion, Amélie Dallaire vous fait pénétrer dans un espace mental où l’imaginaire est un univers en expansion.
Du 8 au19 mars, L’histoire à finir de Jimmy Jones et de son camion céleste vous emmène dans une Amérique mythique des années 50 où Jimmy Jones vit dans l’ombre d’un père surdimensionné. Alors qu’il tente maladroitement de s’affranchir de ce modèle masculin, il dévoile les histoires et déboires de son paternel au milieu des champs de maïs et des légendes. Cette histoire est un road trip qui vous plongera dans un univers décalé, absurde et rempli d’humour.Les diners, les car washes et les ciné-parcs, sont de nombreux prétextes à la nostalgie,
à la poésie et à l’inattendu.
Du 10 au 19 mars, dans Les contes zen du potager, les héros sont des moines ou des samouraïs. Un légume, un fruit ou une petite douceur leur sert de corps, révélant leur caractère. Composée tel un recueil de courtes formes et de haïkus, chaque intervention des manipulateurs se veut aussi assurée et minimale que le geste du calligraphe ou du cuisinier japonais, aussi rituelle que l’art du thé, aussi amusante et inventive que le permet l’art de l’objet !
Du 22 au 26 mars, Persée. À partir des artefacts retrouvés sur un site de fouilles, trois archéologues du début du vingtième siècle tentent de prouver l’existence de ce héros mythologique, mais leur reconstitution historique se heurte sans cesse à des éléments fabuleux. L’enquête scientifique se transforme peu à peu en quête existentielle. En fait, c’est leur propre visage que les savants tenteront de déterrer. Transfigurés par les objets qu’ils animent, ils deviendront, sous vos yeux, les protagonistes du célèbre mythe. Rejetés par la communauté scientifique, ils poursuivent leurs fouilles, attirés par l’étrange magnétisme qui émane de certains artefacts.
Les 25 et 26 mars, Léon le nul dépeint la vie d’un petit garçon Le texte a été écrit par Francis Monty en 2001. À l’école, il est le souffre-douleur de ses camarades. À la maison, il cherche sa place entre sa mère, nerveuse, impatiente et son frère Éthienne, grand vendeur de chocolat, bourré d’argent et sûr de lui. Pour s’en sortir, Léon veut devenir un train, dur et puissant. Alors il mange des clous et attend que ses anniversaires transforment ses jambes en roues. Cette pièce traite d’intimidation, de rejet et de la force intérieure nécessaire pour y faire face.
Du 12 au 30 avril, Œuvre Mystère. Le théâtre du Futur se spécialise dans les comédies d’anticipation aux formes étonnantes (opéra, salon mondain, soirée canadienne, etc.) Le trio est en pleine effervescence pour vous livrer leur nouvelle comédie futuriste dans une forme inattendue !
Le théâtre Aux Écuries fête dix années de création, de direction artistique partagée, de spectacles uniques, étonnants et poétiques, d’accompagnements et de mentorats, de services, modulables selon les besoins et les désirs des créateurs soutenus, dix années pour rêver et prendre le temps de créer. La saison 2021-2022 sera marquée par cet anniversaire si particulier et tendre. Dix ans. Le début du commencement. L’émerveillement de ce qui a été accompli et de ce qu’il reste à découvrir. Bientôt, l’équipe trinquera, avec vous à cette décennie. Elle vous invitera à un événement festif pour célébrer ce dixième anniversaire ! 
Pour le moment, elle se garde une petite gêne sur la manière dont elle le fera. En attendant, dès maintenant, l’équipe met toute son énergie pour bâtir, inventer et créer mais aussi pour attaquer les dix prochaines années nourrie de ses expériences et remplie de désirs.
Théâtre Aux Écuries
7285, Chabot
Montréal
(514) 328-7437
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