Théâtre du Nouveau Monde – Saison 22-23

Le théâtre est un lieu éclairé par de grandes passions, des récits épiques, des épopées joyeuses, des performances étincelantes, des traversées d’imaginaire. La prochaine programmation vous propose un théâtre lyrique, subversif, critique, fantaisiste et toujours en mouvement. La soixante-douzième saison a été pensée sous forme d’un engagement poétique, car les comédien(ne)s qui la défendront ont une capacité inouïe à créer entre plusieurs mondes, un Nouveau Monde.

Par Corinne Bénichou

Août 2022, en amont, pour deux fins de semaines seulement, le retour éclatant de Robert Lepage avec sa fabuleuse création Les sept branches de la rivière Ōta, Ce spectacle fleuve présenté à travers le monde est offert d’abord en exclusivité aux abonnés de la saison à venir.

Septembre, La Nuit des rois ouvre la saison régulière avec l’univers de William Shakespeare, créateur du théâtre de l’instantanéité et maître du travestissement, car lors de la création de la pièce, le degré de travestissement jouait encore davantage sur un érotisme ambigu. En effet, il était interdit aux femmes de monter sur scène alors tous les personnages féminins étaient interprétés par de jeunes acteurs.

Novembre, comme la fidélité des liens avec Molière ne se dément pas depuis la fondation du théâtre, la plume de l’auteur dissident Mikhaïl Boulgakov rend hommage à ce que le dix-septième siècle avait de plus révolutionnaire. La troupe du roi Louis XIV soudée au génie de Jean-Baptiste Poquelin.

Janvier 2023, les correspondances ardentes et sulfureuses de deux monstres sacrés que furent Maria Casarès et Albert Camus qui brûleront les planches du feu de leur amour passionnel. Le titre est inspiré d’une phrase de l’homme de lettres. Une histoire d’amour, d’amitié et de respect entre ces deux artistes.

Mars, la présidence d’Abraham Lincoln, l’une des plus éclatantes des États-Unis, est décortiquée par l’auteur Larry Tremblay qui s’empare de ce sujet brûlant d’une manière joyeuse et tentaculaire. Rejouer l’assassinat en étant Laurel et Hardy, pas simple comme mandat ! La pièce comprend  une succession de surprises.

Mai, en clôture de saison, c’est l’homme-orchestre Hugo Bélanger qui invente une véritable ode à la liberté en rendant un hommage vibrant aux précurseurs, à tous ces grands créateurs et ces femmes oubliées, qui ont métamorphosé, par leurs inventions, le tournant du vingtième siècle. Est-ce que l’art peut tout excuser ? Création originale sur la légende du rêveur.

« Le Festival d’Avignon est né en se basant sur l’inviolable liberté du créateur et en mettant l’emphase sur la prépondérance de la liberté d’expression dans la création artistique. » Jean Vilar, metteur en scène, fondateur du Théâtre National Populaire et du Festival d’Avignon.

Le théâtre, un art libre ! « Au moment où cette citation s’est imposée, nous traversions une période sans précédent qui a bousculé nos existences et nous a fait réfléchir à ce qu’il y a de plus essentiel dans la vie : La santé et la richesse des échanges qui font de nous de meilleurs humains. En relisant les écrits de Jean Vilar, que plusieurs considèrent comme l’homme de théâtre français le plus visionnaire de son temps, j’ai été frappée par le désir absolu qui l’animait, celui de rêver un théâtre comme espace de partage et de liberté, fondements du Théâtre du Nouveau Monde, qui trouvent toujours un écho puissant en moi ! C’est pourquoi il m’est apparu important de permettre aux artistes qui ont été privés d’art vivant pendant la fermeture des théâtres, de fouler ardemment nos planches en 2022–2023 pour enfin partager avec vous, cher public, la magie de leur création. Cette soif de rencontres est irrépressible et le souffle de liberté qui attise l’imaginaire des créatrices et des créateurs devrait vous emporter comme il nous transporte. La culture a besoin de vous, plus que jamais ! » Lorraine Pintal, directrice artistique et générale.

Août 2022, c’est un spectacle-fleuve, un théâtre-monde, un événement à vivre, une fresque palpitante qui peuple la scène d’un flot ininterrompu de destins interreliés, façonnés par les grandes fractures de l’Histoire contemporaine. Créée en 1994, puis remise sur le métier en 2020 pour l’inauguration du Diamant, cette œuvre d’une prodigieuse envergure constitue sans doute le chef-d’œuvre de Robert Lepage. Sur scène pour deux fin de semaines seulement : Les sept branches de la rivière Ōta.

Du 20 septembre au 15 octobre, deux artistes brillants de la jeune génération recréent le petit monde aussi ébouriffé que romanesque de cette comédie du grand Will : Frédéric Bélanger, passé maître dans l’art d’insuffler une vitalité folle aux univers classiques et Rébecca Déraspe, dont le verbe virtuose recrée à la hauteur de vos rêves la verve de Shakespeare, voici La nuit des rois !

Du 8 novembre au 3 décembre, frappée par l’extraordinaire actualité du destin de Boulgakov et de son regard admiratif sur Molière, Lorraine Pintal a demandé à Louis-Dominique Lavigne une adaptation scénique. Sous vos yeux, Racine, La Fontaine, Armande et Madeleine Béjart, mais surtout, Molière et Boulgakov, deux immenses auteurs, que trois siècles séparent, faisant face au même enjeu terrifiant: le pouvoir absolu d’un seul homme avec Le roman de monsieur de Molière.

Du 17 janvier au 11 février 2023, Dany Boudreault, poète ardent et dramaturge audacieux, s’est emparé de la correspondance passionnée entre Maria Casarès et Albert Camus pour recréer la fulgurance et la hauteur de vue de cet amour d’exception. À la mise en scène, l’attentif et novateur Maxime Carbonneau dirige Anne Dorval qui interprète l’électrisante complexité de l’actrice alors que Steve Gagnon porte la parole de l’homme de lettres pour Je t’écris au milieu d’un bel orage.

Du 14 mars au 8 avril, ce texte jubilatoire de Larry Tremblay, construit comme des poupées russes, où la vérité joue à être insaisissable, parle de la schizophrénie de l’Amérique de façon aussi ludique que lucide. Catherine Vidal (L’Idiot, 2018) met en scène ce jeu de miroirs, jeu de doubles dans Abraham Lincoln va au théâtre.

Du 2 au 27 mai, le touche-à-tout Hugo Bélanger avait époustouflé le public avec son triomphal Tour du monde en 80 jours. Plongeant, cette fois, au cœur de l’inspiration et des créateurs, il rend hommage aux maîtres du merveilleux de la fin du dix-neuvième siècle et du début vingtième, dont le magicien Robert-Houdin, le cinéaste Méliès et le bédéiste McCay. Cette production du Théâtre Tout à trac pose également la question de l’artiste vis-à-vis de son œuvre et des répercussions de cet engagement envers l’art dans sa vie avec Le rêveur dans son bain.

Théâtre du Nouveau Monde
84,Sainte-Catherine Ouest
Montréal
(514) 866-8668
https://tnm.qc.ca

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