Respire d’Onur Karaman

Avec Amedamine Ouerghi, Frédéric Lemay, Mohammed Marouazi, Houda Rihani, Guillaume Laurin, Roger Léger, Claudia Bouvette et Marie Charlebois.

Fouad (A. Ouerghi), un jeune immigrant marocain de quinze ans et Max (F. Lemay), un Québécois de vingt-sept ans, vivent tous les deux des existences frustrantes. Leur destin les mènera face à face dans une situation dont personne ne sortira indemne…

Durée : 1h30
Distribution : K-Films Amérique
En salles depuis le 27 janvier 2023

Par Corinne Bénichou

Les premières images montrent un adolescent couché sur son lit, écouteurs sur les oreilles rappelé à l’ordre par sa mère. Générique. Dans une chambre, un jeune adulte et sa blonde (dont il découvrira, avec stupeur, le métier plus tard et qu’il dévalorisera). Un restaurant de quartier.

S‘en suit, une classe multiculturelle turbulente les difficultés d’intégration et les violentes batailles entre communautés sont formulées, contraste avec la poésie employée dans une métaphore réussie du ressenti au quotidien. Un patron peu conciliant avec son employé. Un travail ingrat guidé par les statistiques vénales d’une compagnie de vente par téléphone. Frustrations et colère de part et d’autre.

Le réalisateur passe d’une famille et d’une situation à l’autre afin de mettre en parallèle les tensions bien caractérisées de chacun, à l’exception de Roger Léger en modérateur plus particulièrement avec son neveu hargneux, provocateur. Pour la scène entre cousins, il a choisi une chanson des Vilains Pingouins qui illustre parfaitement l’agressivité ambiante. D’ailleurs, au fil du temps, le ton monte à l’école comme au restaurant.

Parmi ces images sombres et frontales, une lueur d’espoir naît avec la littérature. Peut-elle vraiment changer le monde, du moins l’adoucir ? D’autre part, l’avenir semble enfin sourire au personnage du père, Atif, sur le refrain de J’entends frapper de Michel Pagliaro.

Dans un monde idéal, la dernière séquence rêvée pourrait exister, mais la réalité est tout autre. Ce qui engendre la destruction de deux familles.

En conclusion, ce quatrième long métrage relate par sa construction scénaristique, sa mise en scène et sa direction d’acteurs, les enjeux actuels et le futur de la société québécoise dans laquelle chaque personne doit (ou peut) trouver sa place malgré les embûches de la vie. C’est dans les moments difficiles qu’il faut respirer (mais aussi réfléchir au lieu de simplement réagir) d’ le titre du film.

Meilleur film québécois du festival Cinémania, édition 2022.

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