Culture Montréal – Du développement durable à la transition écologique

Avec son séminaire, la Série qui outille, sur les stratégies et pratiques en culture, l’organisme désire mettre en place un plan d’action et des clés pour y réussir.

Par Corinne Bénichou

À partir de février 2024, les organismes soutenus à la mission par le Conseil des arts et des lettres du Québec devront s’engager à adopter un plan d’action en matière de développement durable incluant une composante écoresponsable. Il est possible d’anticiper que d’autres bailleurs de fonds publics et privés exigeront de leurs partenaires culturels des engagements en ce sens.

. Comment mettre en place un plan de développement durable ?
. Quelles stratégies peuvent être envisagées pour réduire notre impact sur l’environnement ?
. Quelles leçons pouvons-nous apprendre des organismes culturels qui ont déjà initié une démarche en ce sens ?

Au Canada, les organismes culturels, patrimoniaux et du divertissement sont engagés dans un processus de conscientisation écologique, mais peu d’entre eux se sont équipés de politique écrite ou de mesure de leur empreinte carbone. Six pour cent des organismes canadiens interrogés agissent dans le cadre d’une politique de développement durable écrite et portée par leurs équipes. La mise en place d’une politique de développement durable peut toucher différents processus artistiques et champs d’activités. Voici sept stratégies retenues d’organismes culturels québécois qui les appliquent :

1. Réduction à la source, le FestiVoix
2. Réduction de l’énergie consommée, de remplacement d’outils et de fournisseurs, ou de compensation carbone, MUTEK
3. Changement de cycle de vie, L’imprimerie centre d’artistes
4. Conception, création et production écoresponsable, Écoscéno et la Remise
5. Immobilisation écoefficiente, la TOHU
6. L’environnement sociale et culturelle, musée McCord Stewart
7. Sobriété énergétique, Acting for Climate et Barcode

Pour produire un plan de développement durable, il faut dresser un bilan carbone, rédiger un plan de développement durable et déterminer les priorités :

faciles à réaliser
→ centrées sur une activité
→ centrées sur un cycle de vie
→ centrées sur un processus

Il faut également trouver une expertise afin d’être épaulé dans le processus, mobiliser toutes les parties prenantes (conseil d’administration, directions, communautés, publics entre autres), réaliser le plan de développement durable et mesurer le progrès accompli.

Des protagonistes d’horizons et de disciplines variées qui étaient présents à ce séminaire (Comité 21, Conseil québécois des événements écoresponsables, Conseil régional de l’environnement de Montréal, théâtre Jean-Duceppe, Écoscéno, FestiVoix, HEC Montréal, musée McCord Stewart, agence Mickaël Spinnhirny) ont partagé des exemples probants et de bonnes pratiques provenant de leurs expériences distinctes.

Le Conseil québécois des événements écoresponsables est un carrefour d’information et d’échange qui facilite et encourage l’organisation d’événements durables et écoresponsables au Québec. Il est appuyé par un comité consultatif formé d’une vingtaine d’experts et un vaste réseau de partenaires. Initié par le Réseau des femmes en environnement, son expertise se développe depuis 1999. Présente dans toutes les régions du Québec, l’équipe de l’organisme sans but lucratif, a accompagné plus de neuf mille cinq cents organisateurs d’événements depuis son lancement, en janvier 2008. Cette équipe a mandaté le Bureau de normalisation du Québec de concevoir la norme en gestion responsable d’événements. Cette norme inclut le Réseau des femmes en environnement et son conseil.

Le théâtre Jean-Duceppe, appelé Port-Royal jusqu’en 1991, est l’une des six salles du complexe de la Place des Arts située au cœur du Quartier des spectacles de Montréal. Avec ses sept cent soixante-cinq places, cette salle se démarque avec une scène d’une largeur exceptionnelle, ce qui apporte une grande proximité entre les artistes et le public. Elle est également le lieu de résidence de la compagnie de théâtre Duceppe qui y présente près de deux cents représentations par année. Le théâtre accueille également le Festival TransAmériques (FTA).

Le FestiVoix, créateur de rencontres artistiques depuis plus de trente ans, offre une diversité musicale et culturelle accessible, tout en valorisant la ville de Trois-Rivières et son patrimoine. Conscient de l’impact environnemental d’un événement d’envergure, sa direction s’implique activement dans le développement durable depuis plus de quinze ans à travers des actions concrètes et des opérations de sensibilisation afin de diminuer son empreinte écologique, de proposer des alternatives pour les festivaliers, de les sensibiliser aux pratiques durables et de contribuer à la vitalité de la région. Chaque année, des dizaines de milliers de personnes des quatre coins du Québec et de l’extérieur viennent vivre l’expérience. Offrir des navettes gratuites pour se rendre et se déplacer sur les différents sites est donc une priorité pour l’organisation. Depuis plusieurs années, le festival collabore avec la ville afin d’offrir le transport en commun à moindre coût durant l’événement. En 2022, il y a eu plus de onze mille utilisateurs. Des vélos-taxis, des navettes électriques, un parc à bicyclettes et plus encore sont à disposition des usagers. L’organisation compense aussi avec un fonds entièrement dédié à la protection environnementale de la région de la Mauricie et encourage ses festivaliers et ses partenaires à compenser une partie des émissions de gaz à effet de serre liées à leurs déplacements via un formulaire en ligne. La gestion des matières résiduelles étant un des plus grands défis, le festival a adopté des pratiques efficaces afin de s’assurer d’un tri et d’un recyclage optimal par la mise en place d’une escouade verte d’une dizaine de personnes dédiées au tri des déchets et à la sensibilisation. Depuis 2021, des stations d’eau ont également été ajoutées aux entrées des sites. En 2023, deux mille quatre cent quarante litres d’eau ont été distribués évitant ainsi la production de quatre mille huit cent quatre-vingt bouteilles en plastique. Lors de la dernière édition, tous les verres de plastique à usage unique ont été remplacés par des verres réutilisables. Le développement durable est une philosophie de vie qui se poursuit toute l’année. Outre les mesures concrètes mises en place pendant l’événement, l’organisation s’investit et s’associe à des initiatives écoresponsables qui ont un impact positif dans la communauté en parrainant, par exemple, la tourbière Red Mill depuis 2022 ou en devenant un partenaire financier de l’initiative Sous les pavés qui vise à réduire les îlots de chaleur.

Le musée McCord Stewart est le gardien d’un remarquable patrimoine. Il possède diverses collections (archives, art documentaire, costume, mode et textiles, cultures autochtones, culture matérielle et photographie) riches de deux millions cinq cent mille images, objets, documents et œuvres d’art. Après avoir été géré par l’université pendant plus de soixante ans, il est devenu autonome en 1988. Il a alors fait l’objet d’importants travaux d’agrandissement et a rouvert en 1992. Sa collection diversifiée comprend des objets ethnologiques et archéologiques, en particulier d’origine amérindienne. Elle comprend aussi une importante quantité de costumes et de textiles, ainsi qu’une section dévolue à la peinture, aux dessins et aux estampes. On y retrouve aussi une collection d’objets d’art décoratifs. Cependant, l’élément le plus important est le fonds d’archives photographiques Notman, dont les photos datent principalement de 1840 à 1935. En mars 2023, Anne Eschapasse est nommée présidente et directrice du musée.

Écoscéno a été fondée en octobre 2019 par quatre professionnelles du secteur culturel (Geneviève Levasseur, Jasmine Catudal, Anne-Catherine Lebeau et Isabelle Brodeur) afin de répondre au besoin du milieu d’être outillé pour s’engager dans la transition écologique. L’organisme sans but lucratif s’est développé dans le cadre du parcours de l’incubateur d’entreprise EntrePrism et grâce au soutien des professeurs Martine Vézina en innovation sociale et Emmanuel Raufflet en économie circulaire à HEC Montréal.

Fondée en 2019 par Mickaël et Lydie, l’agence Mickaël Spinnhirny est au cœur du mouvement de la danse. À travers ses services de diffusion, de gestion et de production, elle participe à élever le milieu dans lequel elle s’inscrit. Les artistes émergents et établis qu’elle défend savent toucher au sensible à travers des œuvres à la technique aussi précise qu’enivrante. L’agence se fait un devoir de faire rayonner l’excellence de Montréal à Paris, de Rimouski à Londres, de Sept-Îles à votre écran. Elle produit également ses propres spectacles qui donnent pleine parole aux concepteurs, dans une vision où le meilleur de la chorégraphie épouse les formes des marchés qui la propulsera. Présente pour outiller, soutenir et accompagner les organismes de la danse dans leurs projets administratifs et communicationnels, elle agit pour que la danse soit toujours plus unie, plus forte et plus humaine. Tentaculaire et fière de l’être, l’agence Spinnhirny cherche à répondre à la fois au geste artistique des créateurs, au besoin des programmateurs et aux envies des différents publics, créant un pont solide entre tous les acteurs de la chaîne culturelle.

Culture Montréal est un organisme à but non lucratif, indépendant et non partisan qui rassemble tout citoyen reconnaissant le rôle fondamental de la culture dans l’essor de la métropole. C’est un lieu de réflexion, de concertation et d’intervention dont la mission est d’ancrer la culture au cœur du développement montréalais. Il est reconnu comme un conseil régional de la culture.

https://culturemontreal.ca

Photos du séminaire : David Ospina

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