Le long métrage personnel There Are No Words de Min Sook Lee sera présenté en première mondiale au cinquantième festival international du film de Toronto. Il y a plus de quarante ans, la mère de la réalisatrice s’est enlevé la vie. La cinéaste primée de Toronto se penche sur les silences longtemps gardés, les souvenirs fluctuants et les vérités inoubliables pour tenter de comprendre ce qui s’est produit.
Par Corinne Bénichou
Du 4 au 14 septembre 2025, vous pourrez voir ce film percutant de quatre vingt-huit minutes, produit par Sherien Barsoum et Chanda Chevannes pour l’Office national du film, dans le cadre du programme TIFF Docs, qui présente, chaque année, le meilleur du cinéma documentaire de partout au monde.
Dans cette oeuvre incontournable, c’est vers elle-même que Min Sook Lee oriente sa caméra, en quête de souvenirs de sa mère, Song Ji Lee, qui s’est suicidée alors qu’elle n’avait que douze ans. Vous serez plongés d’emblée dans une atmosphère hostile et hypothétique. La réalisatrice a conscience du fait que le traumatisme fracture la mémoire, alors qu’elle revient voir les lieux et les gens qui ont marqué son enfance à Toronto (Canada) et à Hwasun, sa ville natale (Corée du Sud).
La personnalité de son père, maintenant âgé de quatre vint-dix ans, ne tarde pas à émerger de cette quête. Il a fait la connaissance de sa mère dans les années ’60, sous la dictature de Park Chung Hee, alors qu’il travaillait pour le service de renseignement sud-coréen. Dernier lien immédiat qui la rattache à sa mère, ce narrateur peu fiable aux antécédents de violence s’exprime dans une langue maternelle qu’elle n’arrive pas à saisir entièrement. Avec cette trame imparfaite, composée d’histoires tantôt réelles, tantôt imaginaires, Min Sook Lee indique que certains récits valent d’être racontés, même si le deuil s’étend au-delà des mots. « Le silence et la honte ont fait suite au suicide de ma mère. J’ai compris que si je ne tournais pas ce film, un récit s’imposerait par défaut et équivaudrait à une mort permanente de la personne qu’elle était et de celle qu’elle aurait pu être. Je me suis servie de ce documentaire pour nous redonner vie à toutes les deux. »
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