Ligue Nationale d’Improvisation (LNI) : Saison 2021-2022

La ligue, sa mission, son mandat et son histoire à travers quelques dates. Depuis ses débuts, en 1977, elle se dédie à la recherche, à la création et à la transmission en improvisation théâtrale comme laboratoire et compagnie phare du théâtre québécois.

Par Corinne Bénichou

Au-delà des matchs de la Coupe Charade, des tournées québécoises, canadiennes, européennes et des diverses productions, elle offre des ateliers, des formations ainsi que des spectacles aux écoles, aux organismes et aux entreprises. Au total, par ses activités autour de cette discipline, la ligue touche près de cinquante mille personnes annuellement. Ayant longtemps travaillé au développement et à l’évolution du match d’improvisation auprès d’un large public sur le plan national et international, la compagnie se consacre depuis les années 2000 à la création d’un nouveau répertoire axé sur l’expérimentation et le déploiement d’un langage scénique de plus en plus élaboré, mais toujours au service de l’improvisation théâtrale. Celle-ci opte résolument pour une diversité de paroles et d’univers, cherchant avec passion, intelligence et sensibilité à entrer en contact avec le public afin de mettre en scène et en histoires les préoccupations du monde actuel. Sa petite histoire commence un 21 octobre avec un match d’improvisation. Une initiative du théâtre expérimental de Montréal qui remporte un vif succès et pousse les organisateurs à présenter la première saison de la Coupe Charade.

1982, c’est la télédiffusion de La soirée de l’impro à Radio-Québec, puis le match est présenté au prestigieux festival d’Avignon, c’est le début des tournées européennes.

1985, le premier Mondial d’improvisation est mis sur pied. Cofondateur avec Yvon Leduc, Robert Gravel décède subitement en 1996. La production est arrêtée pour permettre la restructuration de la compagnie. Trois ans plus tard, la Coupe Charade revient. Depuis, elle est présentée chaque année.

2007, à l’occasion du trentième anniversaire, le tournoi des Étoiles comprend des duels d’improvisateurs, permettant la mise en relief du caractère unique de l’improvisation, dont l’écriture, la mise en scène et l’interprétation sont l’œuvre des comédiens, à chaud. L’année d’après, arrivée en poste du directeur artistique, François-Étienne Paré, présent sur scène depuis 1999 et membre du conseil d’administration depuis 2004. Cette même année, le Sommet des ligues d’impro, en marge du Sommet de la francophonie, a lieu à Québec, avec la participation de treize pays.

2015, Un grand coup est frappé avec la naissance d’un nouveau spectacle qui s’attaque aux classiques. Il est toujours en vigueur en tournée et dans les écoles du Québec. L’année suivante, l’Assemblée nationale du Québec reconnaît le courant artistique emblématique de la culture québécoise véhiculé par l’improvisation théâtrale. Cette forme d’expression unique est une discipline artistique à part entière.

2017, pour le quarantième anniversaire de l’organisme, un projet de collaboration avec l’Italie est mis en place. Dans les mêmes temps, une nouvelle directrice générale est nommée, en la personne de Paula Barsetti, issue du milieu théâtral et possédant une expérience de nombreuses années en gestion d’organismes culturels. La même années, une tournée est organisée dans six villes canadiennes en coproduction avec la fondation Paul-Gérin-Lajoie. Des spectacles et des ateliers sont également offerts auprès de centaines de jeunes francophones d’est en ouest.

2018, l’Espace Libre présente la création LNI s’attaque au cinéma. Le spectacle fait l’objet d’une nouvelle série jusqu’en 2022.

2019, la LNI tue la une ! Improvisation et incarnation sur scène du projet de balado Radio LNI, où jeux d’interprétation s’inspirent de l’actualité. C’est aussi la première étape de la nouvelle création, l’Usine de théâtre potentiel, à la maison de la culture Janine-Sutto. Résolument tourné vers la dramaturgie contemporaine, chaque représentation est faite d’une improvisation de quatre-vingt dix minutes, dont les éléments principaux sont choisis par les spectateurs à l’aide d’une plate-forme numérique. L’année passée, en pleine pandémie, le projet de structuration du milieu québécois de l’improvisation est appuyé par le ministère de la Culture et des Communications et aidé du chercheur Jocelyn Garneau.

Pour 2021-2022, la LNI porte fièrement ses couleurs multiples, sa nature plurielle ! « Vous ne serez pas surpris de lire que la dernière année et demie nous a amenés à réfléchir sur notre pratique et nos façons de faire. Notre utilité a même été soupesée ! Pas toujours facile à faire, ni à vivre, mais cette forme d’introspection collective a également servi de révélateur. Elle a plus que jamais mis en lumière cette partie du mandat que nous nous sommes donné en tant que compagnie artistique. Le théâtre de la LNI opte résolument pour une diversité de paroles et d’univers, cherchant avec passion, intelligence et sensibilité à entrer en contact avec le public afin de mettre en scène et en histoires les préoccupations du monde actuel. En quelques mots, cet exercice imposé par la pandémie, cette valse bizarre, hésitante et confrontante, nous a profondément révélé que nous avons la chance immense de pratiquer un art du présent » commente le directeur artistique François-Étienne Paré. Il ajoute « Par l’improvisation, nous pouvons assouvir cette soif de communication d’humain à humain qui est si grande par les temps qui courent. Notre art nous permet pratiquement de converser, de respirer avec le public. Nous sommes à même d’ajuster en direct les thèmes, les perspectives, les tons… Plus encore, notre programmation, faite de différents projets, nous permet de parler avec des voix diverses. »

Chaque année, des milliers de fidèles et des nouveaux adeptes remplissent parterre et gradins pour participer à ce grand jeu interactif. Sur la patinoire, au-delà de l’ambition de s’emparer de la coupe, les comédiens-improvisateurs se font une mission de vous surprendre, vous fasciner, vous émouvoir, de jouer des multiples cordes inhérentes à l’art de l’improvisation théâtrale. La feuille d’érable, l’hymne national de la Coupe Charade est chanté à chaque représentation.

Depuis 2015, une plongée dans l’univers des grandes dramaturgies réaffirme la pertinence de ces paroles fortes et de ces façons toujours vivantes d’aborder le théâtre avec la LNI s’attaque aux classiques. Une proposition différente, pas de patinoire, pas de pointage, pas d’arbitre, pas de vote, mais un concept innovateur, spectaculaire, audacieux, à la fois enrichissant et ludique, alliant mise à l’épreuve et créativité. Pace au théâtre ! Chaque représentation met en lumière un artiste majeur de la dramaturgie par une formule en deux temps. En premier, rencontre avec l’univers de l’auteur, Alexandre Cadieux, puis, place l’œuvre dans son contexte, la décortique et invite les comédiens à en expérimenter les paramètres par de brèves improvisations. L’ultime défi, accompagner une trame sonore créée en direct par un musicien et des éclairages improvisés. L’équipe doit plonger dans une création spontanée d’une vingtaine de minutes dans le plus grand respect de l’œuvre explorée, au point où le public a l’impression de découvrir une pièce perdue et retrouvée ! Depuis ses débuts, la visite des classiques à l’intérieur même des matchs d’impro, grâce à la catégorie À la manière de…, offre aux improvisateurs de jouer selon les styles de Molière, Shakespeare et autres grands dramaturges. Ces expérimentations ont permis de constater à quel point il est pertinent d’explorer plus encore chacun de ces auteurs, de les décortiquer et d’en extraire les éléments caractéristiques afin de mieux en saisir l’essence. Un processus qui devait se faire dans l’action du théâtre spontané… L’exemple vaut mieux que la leçon !
Mardi 23 et mercredi 24 novembre 2021 à 9h45 et à 13h30, représentations scolaires au théâtre Gilles-Vigneault de Saint-Jérôme.

La LNI s’attaque au cinéma. En adaptant les techniques et les procédés narratifs du cinéma au service de l’improvisation, la question est posée, le cinéma peut-il s’improviser sur scène ? Qu’est-ce qui caractérise l’œuvre d’un créateur ou d’un autre dans le Septième Art ? Pour l’occasion, les artistes s’approprient les codes de cinéastes encore jamais explorés tels que Tim Burton et Jean-Marc Vallée. Qu’est-ce qui différencie les trames dramatiques des films de Xavier Dolan de celles d’Alfred Hitchcock ? Comment des codes et des esthétiques cinématographiques peuvent-ils être transposés dans un cadre théâtral ? Un voyage en deux temps est à prévoir. D’abord, deux animateurs placent l’œuvre du réalisateur dans son contexte, la décortiquent, la dissèquent ensuite, ils invitent les comédiens à en expérimenter les paramètres par de brèves improvisations dirigées. Le défi ultime est composé du trio d’interprètes se lançant dans une création spontanée de trente minutes à la manière du professionnel préalablement étudié, au point d’avoir l’impression de découvrir une œuvre inédite de sa filmographie. Chaque représentation est une expérience unique, à la fois enrichissante, ludique et spectaculaire ! Jeudi 20 et vendredi 21 janvier 2022, de retour au théâtre Outremont.

Du 7 février au 9 mai, La création-phare, lieu de rencontre et de parole libre par excellence s’installe au Club Soda. Une saison marquée par quelques nouveautés ! Suscitant toujours un grand intérêt, le Match d’impro sera également disponible en tournée en salles et dans les écoles, au Québec et en Europe. Des retrouvailles très attendues ! Il est à savoir que cette œuvre créée il y a quarante-quatre ans, est jouée en huit langues dans trente pays ! Un rayonnement exceptionnel. Une porte d’entrée aux arts pour des milliers de jeunes dès le primaire.

Ce laboratoire de création explore les infinies possibilités de cette discipline artistique qu’est l’improvisation théâtrale. L’Usine de théâtre potentiel en est à sa troisième et dernière étape. Tout est mis en place pour que se déploie une œuvre. Scénographie, éclairages, costumes, trame musicale… Il ne manque que les personnages, l’histoire et le texte, que les comédiens-improvisateurs doivent créer en direct, devant les spectateurs. La création d’un nouveau spectacle d’improvisation qui mettra une fois de plus en lumière le talent créatif des acteurs-improvisateurs québécois est amorcée. Cette proposition fait office de machine à contraintes. Inspiré de l’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle), cet espace de recherche et de création théâtrale mettra en scène des interprètes-créateurs impliqués qui seront comme des rats qui construisent eux-mêmes le labyrinthe dont ils se proposent de sortir. Le calendrier visé se déploie en trois étapes, menant ultimement à une série de représentations en 2021 et une tournée en 2022. Parce que la forme est contraignante, l’idée jaillit plus intense !

Pour terminer la saison, La LNI tue la une ! Un feu d’artifice dont les défis sont influencés par ce qui fait les manchettes dans les journaux, les réseaux sociaux, les reportages télévisés et autres éléments médiatiques. Elle fait ressortir l’inusité, le tragique et le grandiose, part à la conquête de nouveaux publics dans les cégeps et salles de spectacles du Québec. Misant sur la rapidité d’esprit des comédiens-improvisateurs, ce spectacle impressionne, surprend et divertit à tout coup.

Théâtre de la LNI
2121, Parthenais
Montréal
(514)
528-5430
https://lni.ca

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